Le géant laitier Lactalis se renforce à l'international: "Quand est-ce qu'il va investir en France de la même manière?"

Le géant du lait Lactalis, implanté à Laval (Mayenne), se développe encore un peu plus à l'international, avec l'acquisition d'une partie des parts du néo-zélandais Fonterra. "Le fait d’importer de la matière grasse de l’étranger pourrait aussi créer une distorsion de concurrence", redoute Yohann Barbe, président la Fédération des producteurs de lait.

Le géant laitier français Lactalis a annoncé vendredi la conclusion d'un accord avec la coopérative laitière néo-zélandaise Fonterra pour le rachat d'une partie de ses activités, notamment à l'international. Le groupe français, basé à Laval, en Mayenne, est présent dans 50 pays et emploie 85.500 collaborateurs.

Dans un communiqué distinct, Fonterra a indiqué avoir accepté la vente à Lactalis, qui concerne notamment ses activités "grand public", "pour 3,845 milliards de dollars néo-zélandais" (1,93 milliard d'euros).L'accord porte sur l'acquisition de "marques emblématiques", telles que "Mainland, Anchor, Perfect Italiano, Western Star, Ratthi, Cheesdale, Fernleaf, Anlene, Anmum" etc., indique Lactalis.

"Seize sites de production en Australie, Nouvelle-Zélande, Sri Lanka, Malaisie, Indonésie et Arabie Saoudite rejoindront Lactalis Australie", avec quelque 4.300 employés, précise le communiqué du géant français. "L'ensemble représente plus de 5,6 milliards de dollars néo-zélandais de chiffre d'affaires, soit plus de 2,8 milliards d’euros", précise-t-il.

"Distorsion de la concurrence", redoutent les producteurs français de lait

"On a créé les lois Egalim pour rémunérer les producteurs français, soutenir les exploitations familiales et maintenir la vitalité des territoires. Le fait d’importer de la matière grasse de l’étranger pourrait aussi créer une distorsion de concurrence avec nos producteurs de lait français, qui n’ont pas du tout les mêmes normes de production", redoute auprès de RMC Yohann Barbe, président de la Fédération des producteurs de lait.

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"Quand est-ce qu’il va investir en France de la même manière, pour assurer la continuité des producteurs ? L’année dernière, il annonçait déjà se séparer de plus de 500 millions de litres issus du territoire national", poursuit ce dernier, désabusé.

La vente doit encore être finalisée

Cette vente reste soumise des ajustements financiers et certaines conditions, notamment "l'approbation des actionnaires agriculteurs de Fonterra" par un vote prévu "fin octobre ou début novembre", précise la coopérative néozélandaise.

Cette opération "marque une étape stratégique majeure dans notre développement en Océanie, Asie du Sud-Est et Moyen-Orient", a déclaré le président du premier groupe mondial des produits laitiers, Emmanuel Besnier, cité dans le communiqué.

"En combinant les activités grand public de Fonterra et ses marques leaders avec notre présence déjà établie en Australie et en Asie, nous consoliderons notre position sur des marchés clés", a-t-il ajouté.

Déjà 15 sites de production Lactalis en Australie

"En tant que premier groupe laitier mondial, Lactalis dispose de la taille et des ressources nécessaires pour faire passer ces marques et activités à un niveau supérieur. Les agriculteurs de Fonterra continueront à bénéficier de leur succès, Lactalis devenant l'un de nos clients Ingrédients les plus importants", a commenté Miles Hurrell, directeur général de Fonterra, cité dans le communiqué de Lactalis. En Australie, Lactalis dispose déjà de 15 sites de production et emploie plus de 2 500 personnes.

Le groupe est "présent sur de nombreux segments de produits laitiers" allant des boissons lactées aux fromages et yaourts. Il "commercialise un large portefeuille de marques locales et internationales en Australie", notamment Président, Galbani, Lemnos, Harvey Fresh, Oak et Ice Break.

Lactalis, restée une entreprise familiale depuis sa création en 1933, a dépassé pour la première fois en 2024 les 30 milliards d'euros de ventes. Il a bouclé en juin le rachat des activités américaines de General Mills dans les yaourts, revendiquant désormais la place de "troisième acteur de l'ultra-frais" aux Etats-Unis.

Marius Rolland et Caroline Renaux