Lyon veut établir un "budget genré": pour quoi faire?
C'est la première grande annonce de la nouvelle municipalité lyonnaise, emmenée par le nouveau maire EELV Grégory Doucet. Dans un premier temps, il faut se poser la question si les dépenses bénéficient autant aux hommes qu'aux femmes. Les questions se posent pour l'emploi, pour le sport, pour le milieu associatif ou artistique subventionné.
"Si on fait une nouvelle école, il faudra faire en sorte qu’il y ait d’autres types de jeux"
Et la mission est d'ampleur: établir un nouveau critère pour donner telle ou telle subvention, pour telle ou telle dépense. Avec une question: ces innovations bénéficient-elles autant aux Lyonnais, qu'aux Lyonnaises?
Première exemple donné par l'adjointe à la mairie, Audrey Hénocque:
"On s’est rendu compte que lorsqu’il y a un terrain de football au milieu de la cour de récréation, c’est plutôt les garçons qui sont dans cet espace alors que les filles sont en périphérie. Si on fait une nouvelle école, il faudra faire en sorte qu’il y ait d’autres types de jeux".
"Des choix à faire sur des actions exclusivement accordées à des secteurs masculins"
La question pourrait aussi se poser pour une exposition subventionnée: y a-t-il autant d'artiste homme et femme? Et le public? Y a-t-il autant d'homme que de femme? "Il y aura des choix à faire", dit l'adjointe au maire.
"Le budget n’étant pas extensible, il y aura peut-être des choix à faire sur des actions qui étaient exclusivement accordées à des secteurs masculins. C’est le cas notamment du sport".
"On est toutes et tous porteurs de stéréotypes"
A Paris, le centre Hubertine Auclert conseille justement les communes pour établir un "budget genré". Ambre Elhadad, qui chargé des relations avec les collectivités, confirme qu'il y a plein d'idées reçues à revoir:
"Parce qu’on ait un service public, on est par essence neutre et égalitaire, alors qu’en réalité, si on ne se dote pas des bons outils pour vérifier on a plus de chance de ne pas réduire les inégalités. On est toutes et tous porteurs de stéréotypes. Ça peut aussi se retranscrire dans la façon dont on conçoit les politiques publiques".
L'association explique d'ailleurs être très sollicitée ces derniers temps, par les nouveaux et nouvelles maires. Si l'initiative lyonnaise est une première, Rennes, Grenoble ou encore Montreuil avaient déjà passé le pas pour certaines lignes de budget uniquement.