"Maintenant ou jamais": Eric Coquerel veut s'attaquer à la multipropriété des clubs de foot

Des députés veulent s’attaquer aux grands financiers qui multiplient les rachats de clubs de foot, et deviennent multi-propriétaires. Avec un dernier exemple en date, l’actionnaire de Chelsea, un consorium américain, qui rachète le Racing Club de Strasbourg. Et c’est loin d'être le seul, le club alsacien sera désormais le 8e club de Ligue 1 sous le contrôle de groupes qui détiennent d’autres clubs ailleurs en Europe.
C’est cette pratique que voudrait interdire le député insoumis Eric Coquerel, qui lance cette semaine une série d’auditions, pour aboutir à une proposition de loi. Il a notamment été alerté, dans sa circonscription de Seine-Saint-Denis, par les supporters du Red Star, club de national qui vient d’être racheté par un fonds américain, déjà propriétaire de plusieurs clubs européens (Liège, Gênes..).
Pour lui, cela pose des problèmes éthiques et sportifs, avec le risque de fausser les compétitions, la concurrence sur les transferts.
"Ça enlève tout ce qui fait la beauté du foot”, dit Eric Coquerel, grand amateur de football, et qui rêve de revenir à des propriétaires de clubs qui seraient vraiment des passionnés, et pas des financiers.
Quelles sont les règles aujourd’hui ?
Il y a bien l’article 122-7 du Code du sport qui régit cette situation: “Il est interdit à une même personne privée de contrôler de manière exclusive ou conjointe plusieurs sociétés sportives dont l'objet social porte sur une même discipline". C’est écrit noir sur blanc. Il est interdit à une même personne de détenir plusieurs clubs dans la même discipline sportive. C’est donc la loi. Pourquoi n’est-elle pas appliquée ? Le député a écrit à la ministre des Sports en ce sens.
Et puis il y a quand même le règlement de l’UEFA, l'Union de fédérations européennes, puisque tout cela se joue au niveau européen, avec son article 5 : “Aucune personne physique ou morale ne peut avoir le contrôle de ou exercer une influence sur plus d’un club participant aux compétitions interclubs de l’UEFA”
Un article qui, qui -en théorie- interdit à deux clubs ayant le même propriétaire, de participer aux coupes d’Europe. C’est de qui pourrait empêcher Toulouse de jouer l’Europa League, parce que le TFC est propriété du même actionnaire que le Milan AC. L’UEFA se penche d’ailleurs sur ce cas ce lundi.
Une règle déjà été largement contournée. Leipzig affrontait Salzbourg en 2018, en Ligue Europa. Deux clubs intimement liés, puisque tous les deux dans la galaxie Red Bull.A l’époque, un simple changement de postes de quelques dirigeants, en façade, avait suffi pour obtenir le feu vert de l’UEFA.
Coquerel veut une loi transpartisane
Clairement, la tendance au niveau européen, c’est plutôt d’aller vers un assouplissement des règles. D’où l’idée d’Eric Coquerel, qui estime que c’est “maintenant ou jamais”, que la France doit être en pointe pour mettre un coup d’arrêt à cette financiarisation qui explose.
Il voudrait d’ailleurs que son initiative soit transpartisane. Il veut recruter en dehors de la Nupes, en embarquant notamment ses collègues députés qui jouent dans l’équipe de foot de l’Assemblée.
Un macroniste nous confiait dimanche soir ne pas du tout avoir été mis au courant, mais ne paraissait pas du tout fermé: au contraire, il estime que c'est plutôt une bonne idée d’examiner ce sujet et d’y travailler collectivement.