"On ne va pas produire quelque chose qui nous coûte": vers une pénurie de beurre en France?

Le beurre va devenir de plus en plus difficile à se procurer ou de plus en plus cher car la France est au bord de la pénurie. Une conséquence des fortes chaleurs et de la fièvre catarrhale ovine.

À cause des très fortes chaleurs et des conséquences de la fièvre catarrhale ovine, les stocks de lait sont à nouveau très bas en cette fin d'été. Résultat, la production de beurre et de matière grasse est ralentie de manière conséquente.

Le nombre d'éleveurs laitiers est aussi en chute libre. 6.000 en moins chaque année, et la production de lait recule de 2% tous les ans depuis cinq ans, selon la Fédération nationale des producteurs.

Si les stocks de beurre sont bas, c'est d'abord à cause d'un manque de matière première... "Il nous manque trois litres par vache par jour", estime Christophe Maginot, producteur en Meuse. Ses vaches ont subi les chaleurs et les maladies. Il dénonce surtout l'attitude des industriels qui achètent son lait.

"Si on nous donnait un peu plus de prix sur cette matière grasse, on serait à même d’en faire un peu plus. Mais aujourd’hui ce n’est pas le cas donc on ne va pas produire quelque chose qui nous coûte", assure-t-il.

Un effort demandé à l'industrie agroalimentaire

Les industriels ont moins de lait français à disposition donc la production de beurre baisse. Mais il n'y a pas de risque de pénurie selon Yohann Barbe, président de la fédération nationale des producteurs de lait.

"Je pense qu’en supermarché, on va pouvoir trouver de la matière grasse du beurre, mais globalement, c’est plutôt dans toute l’industrie agroalimentaire que ça pourrait manquer. Et ils vont importer massivement de la matière grasse au détriment de faire vivre des producteurs en France", dénonce-t-il.

Pour lui, l'industrie agroalimentaire doit agir vite. "Il faut juste que tous les acteurs économiques aient l’ambition dans le même sens, ça veut dire rémunérer les producteurs pour donner envie de produire. Et on sera vite dans la capacité à honorer le marché français au niveau de la matière grasse”, souligne-t-il.

Un objectif largement atteignable selon Yohann Barbe. Il précise qu'il manque un milliard de litres de lait pour atteindre l'auto-suffisance.

Thomas Palmier avec Guillaume Descours