Peut-on être de gauche et très riche ?

Depuis le fameux «épisode de la Porsche», Dominique Strauss-Kahn se trouve sous le feu de critiques de plus en plus nombreuses sur son train de vie. Rémunération au FMI, patrimoine immobilier, vêtements de luxe... Est-ce incompatible avec les valeurs de la gauche ? Donnez votre avis.

Si Nicolas Sarkozy a incarné, aux yeux de beaucoup, la droite « bling bling », Dominique Strauss-Kahn est d'ores-et-déjà le représentant malgré lui de la gauche « vroum vroum ». Après la diffusion d'un banal cliché pris à la hâte le montrant à proximité d'une Porsche Panamera S, il se trouve aujourd'hui dans une posture fort ennuyeuse pour un potentiel futur candidat socialiste à la présidentielle. Car dans l'inconscient collectif, être de gauche et avoir beaucoup d'argent, ça n'est pas toujours compatible.

DSK: un niveau de vie de « très riche »

Si la Porsche n'appartient pas, comme on le sait, à Dominique Strauss-Kahn (mais à son conseiller Ramzy Khiroun), l'ancien ministre de l'Economie bénéficie néanmoins d'un train de vie très nettement supérieur à la moyenne des Français. Il est constitué de plusieurs éléments:
- Sa rémunération de directeur du FMI: 314.800 euros annuels net d'impôts (environ 26.000 euros par mois)
- Un 6 pièces dans le XVIe arrondissement de Paris, partagé avec Anne Sinclair et payé 2.59 millions d'euros en 1990
- Un 240 m2 sur la place des Vosges (IVe arrondissement de la capitale), acheté en 2007 4 millions d'euros
- Une maison de 380 m2 dans un quartier huppé de Washington, achetée elle aussi en 2007 4 millions d'euros
- Un riad (maison traditionnelle marocaine) à Marrakech
- Les oeuvres d'art de son épouse, dont le grand-père maternel fut le marchand d'art des grands peintres contemporains (comme Pablo Picasso)
Un patrimoine qui permettrait, dit-on, au directeur du FMI de posséder quelques costumes à 35.000 dollars l'unité.

« Il assume son rapport à l'argent »

Si une partie de la gauche elle-même se dit dérangée par cette proximité de DSK avec l'argent, nombreux sont ceux qui la défendent. Après la publication de la photo de la Porsche, le député de Paris Jean-Christophe Cambadélis concédait une « faute d'attention », mais rien d'ennuyeux sur le fond à ses yeux. La vice-présidente socialiste d'Ile-de-France, Michèle Sabban, estime pour sa part que « Dominique doit rester lui-même. Il assume son rapport à l'argent, et c'est très bien ainsi. Il est moins hypocrite que ne l'ont été certains, même au PS. Et puis vous avez déjà vu un président RMIste ? ». Hussein Mokhtari, vice-président du conseil général du Val-d'Oise, s'indigne carrément de ce « mauvais procès »: « Il faudrait qu'il mange des sandwiches grecs et qu'il roule en 2CV alors qu'il est patron du FMI ? Mais il est l'image de la France ! ».

La Rédaction