Que Fillon se soumette à un vote de confiance !

Le Parti Pris d'Hervé Gattegno, tous les matins à 8h20 sur RMC. - -
Il n’y a pas que les déficits budgétaires à résorber, mais aussi des déficits démocratiques. On ne peut pas dire que tout ce qui avait été prévu dans le budget doit être reconsidéré à cause de la crise et n’en tirer aucune conséquence politique. Puisque tout est à revoir – y compris beaucoup de choses qui vont peser sur la vie des Français, à travers les retraites, la TVA… – il serait logique que le gouvernement procède à cette reconfiguration – douloureuse – après avoir fait relégitimer son action par le Parlement. Pour cela, il faut que F. Fillon sollicite un vote de confiance. Et qu’il l’obtienne. C’est mieux que de parler à la TV et de guetter les sondages.
La crise impose aussi un retour aux exigences démocratiques de base
L’intérêt, ce n’est pas seulement le vote ; c’est aussi le débat. L’une des leçons de cette crise, c’est que c’est bien l’Economie qui mène le monde. Elle le mène peut-être à la catastrophe, avec la finance folle, la spéculation, la spirale des dettes d’Etat… Mais dans la plupart des pays, la crise impose aussi un retour aux exigences démocratiques de base. Mme Merkel ne négocie rien pour l’Allemagne sans un vote du Bundestag. Les députés italiens ont retoqué le plan de Berlusconi parce qu’ils le jugeaient insuffisant. Alors oui, F. Fillon et N. Sarkozy disposent d’une majorité à l’Assemblée mais il y a des opinions divergentes en son sein sur la façon d’endiguer la crise, de gérer l’Europe ; il serait sain qu’elles s’expriment. Ça permettrait aussi de vérifier ce que le PS est prêt à approuver – ou non – dans le plan d’austérité qui s’annonce…
Ne pas faire la même erreur que Papandréou
L’initiative de M. Papandreou, c’était le contre-exemple : personne ne lui reproche d’avoir voulu interroger les Grecs mais au contraire, de l’avoir fait si tard – et après s’être engagé en leur nom. Il a multiplié les décisions autoritaires – en s’abritant derrière le FMI – et finalement, il a proposé un vote pour savoir s‘il fallait appeler les pompiers quand il y avait déjà le feu. C’était évidemment le meilleur moyen de laisser l’incendie se propager aux pays voisins. Donc d’attiser le ressentiment. Ce qui fait monter la seule valeur en hausse aujourd’hui en Europe : les égoïsmes nationaux.
Des explications, du débat, de la pédagogie...
En tout cas les idées anti-européennes progressent. Les citoyens des pays d’Europe n’ont plus envie de s’entraider. D’ailleurs, les Chinois non plus ne sont pas ravis de secourir l’Europe – la différence, c’est que eux ne sont pas censés donner leur avis. En démocratie, le peuple doit avoir le choix. Or le discours dominant des politiques aujourd’hui, c’est : « Nous n’avons plus le choix. » Ça exige des explications, du débat, de la pédagogie si l’on veut éviter d’avoir après les crises financière, économique et monétaire, une crise démocratique. En France, on ne sait faire cela que pendant les campagnes électorales. Dommage que la présidentielle ne soit pas pour demain.