Qui est Bernard Fontana, choisi par l'Élysée pour devenir le futur PDG d'EDF?

Bernard Fontana, actuel directeur général de Framatome, équipementier nucléaire filiale d'EDF, sera confirmé ce mercredi à la tête d'EDF, entreprise publique détenue à 100% par l'Etat français, en fonction du vote des parlementaires, dans la foulée de son grand oral au Sénat puis à l'Assemblée nationale.
Il doit succéder à Luc Rémont, qui vient d'être limogé après seulement deux ans. Trop de tensions avec les industriels. Trop de frictions avec l’État actionnaire. Trop de crispations dans la maison EDF elle-même.
Après un profil plus politique, formé dans les cabinets ministériels, Bernard Fontana, c’est un homme d’usine, de terrain. Il doit remettre de l'huile dans les rouages et du jus dans les câbles.
Bernard Fontana, c'est un industriel. Polytechnicien, ingénieur de l’armement, il a fait sa carrière près des usines : ArcelorMittal dans l’acier, Holcim dans le ciment, Aperam dans l’inox. Ceux qui l'ont côtoyé parlent d'un patron discret, pas très à l'aise en communication, mais droit dans ses bottes. Disons qu'il est plus chaussures de sécurité qu'éléments de langage.
Des entreprises qui boudent EDF
Il est "très attaché au lien entre les personnes et l'entreprise. Lors des portes ouvertes dans nos usines, nous faisons en sorte que les enfants puissent y participer." Alors les enfants, ce week-end, on va à l’usine ou chez Disney ?
On compte sur lui pour restaurer les relations avec ceux que l'on appelle les "électro-intensifs" : les usines, les aciéries, les papeteries, toutes ces entreprises qui vivent sous perfusion d’électricité. Elles protestaient contre des prix trop élevés.
Ces entreprises boudaient EDF. Des Michelin, des Saint-Gobain, avec qui le courant ne passait plus. Sous l'ancienne direction, certains ont même parlé de "bras d'honneur fait à l'industrie française". On a vu que l'enjeu, c'était aussi celui de la réindustrialisation du pays.
Son action à Framatome saluée par les syndicats
Il est choisi pour accompagner la relance du nucléaire. Depuis 2015, Bernard Fontana dirigeait Framatome, la filiale nucléaire d’EDF chargée de construire des réacteurs. Il a sorti l'entreprise du fond de la cuve : une crise industrielle, financière et de réputation. Il a doublé les effectifs, relancé les usines. "Il a remis du monde dans les ateliers", saluent-ils. "Un homme de terrain, à l’écoute, qui sait où il veut aller", dit un élu CFDT.
Il connaît l'industrie de l'atome. Un savoir-faire redevenu stratégique après une décennie de flottement. La France parie à nouveau sur le nucléaire et turbine pour sécuriser son électricité et sortir de l'énergie carbonée.
Bernard Fontana arrive alors que la France relance un programme de construction : six nouveaux réacteurs EPR2. Le temps d'un mandat, de quatre ans, l'âge limite pour la présidence d'EDF est de 68 ans. Bernard Fontana en a 64.