Record d'inflation depuis 2008: une hausse qui pourrait même être sous-estimée
La hausse du coût de la vie va-t-elle se poursuivre longtemps? L'inflation est repartie à la hausse en janvier à 2,9% sur un an, après être restée stable à 2,8% en décembre. C’est son niveau le plus élevé depuis l’été 2008. Cette accélération s'explique essentiellement par une hausse des prix de l'énergie (+19,7% sur un an) et des services (+2%). Les prix alimentaires ont eux aussi progressé de 1,5%, tirés par les produits frais (+3,6%). En revanche, les produits industriels restent sages.
Par rapport à ce qu’on vit au quotidien, on a l’impression que ce chiffre sous-estime la réalité. Il faut bien comprendre que la mesure de l’inflation de l’Insee résulte de choix méthodologiques, qui peuvent faire débat.
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Avec la méthode européenne, l'inflation monterait à 3.3%
Selon la méthode européenne, par exemple, l’inflation en France n’est plus de 2,9% mais de 3,3%. Il y a longtemps eu un indice calculé par la CGT, qui donnait un résultat 20% plus élevé que l’INSEE, et l’inflation perçue autour de 5-6%.
Une partie de la méthode ne fait pas débat: la mesure des prix dans les magasins avec 160.000 articles distribués dans 27.000 points de vente répartis dans une centaine d’agglomérations de plus de 2.000 habitants. Auxquels s’ajoutent 40.000 séries de "tarifs" valables pour tout le territoire (télécommunications, SNCF), 500.000 tarifs sont relevés sur internet et même depuis 2020 sur les données de caisse des magasins.
Où est le problème ?
Le premier problème vient de l'Insee, qui est obligé de mesurer un effet qualité: si on vendait aujourd’hui le même ordinateur qu’il y a dix ans, il couterait 50% moins cher. Sauf que cet ordinateur n’existe plus et a été remplacé par des ordinateurs beaucoup plus performants et plus chers. Avec cet effet qualité, l’Insee minimise peut-être un peu l’inflation globale.
Le deuxième problème vient des prix de l’immobilier: à l’achat, il n’est pas dans l’indice des prix puisque c’est considéré comme un investissement. Les loyers aussi sont sous-estimés, mais parce qu’ils ne concernent que 40% de la population. Donc c'est sous-estimé dans l'indice des prix.
Le dernier problème vient du fait que l'inflation est un indice moyen qui ne correspond à la vie de personne. Un propriétaire fumeur et gros rouleur en voiture aura subi 4% d’inflation cette année, deux fois plus qu’un locataire geek qui n’a pas de voiture et ne fume pas.
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