Savon, shampoing: les Français plus nombreux à se priver de produits d'hygiène en raison de leur coût

Près d'un Français sur deux a limité ses dépenses de savon, shampoing, dentifrice parce que son budget était trop serré en 2024, selon une étude Ifop menée pour l'association Dons Solidaires. Une augmentation spectaculaire par rapport aux 34% de l'année précédente.
Parmi les produits d’hygiène auxquels renoncent le plus les Français, le maquillage se classe en tête du classement (33%), suivent les produits de coloration pour cheveux (27%) et les soins hydratants pour le visage, les mains ou le corps (24%).
La fin des mégapromos responsable ?
Dans la vie de tous les jours, plus de 40% renoncent même à aller chez le coiffeur. Plus inquiétant, 12% des Français déclarent qu’il leur est arrivé de se priver de déodorant et 8% de brosse à dents, de gel douche ou de dentifrice. Près d'un sondé sur cinq déclare qu'il a déjà dû arbitrer entre des articles d'hygiène et alimentaires selon l'étude Ifop pour l'association Dons Solidaires.
Ces chiffres résultent en partie de l'application de la loi Descrozaille depuis le mois de mars 2024. Cette dernière plafonne les promotions des produits d'hygiène et de beauté à 34%, ce qui équivaut à une offre "deux produits achetés, le troisième offert". Avant cela, les mégapromos sur les rayons hygiène-beauté permettaient d'attirer les clients et de leur offrir des réductions très avantageuses.
"Ce qui m'émeut, me met en colère quelques fois, c'est que je ne comprends pas que des élus vont proroger des systèmes qui vont m'empêcher de faire des superpromos, et je ne sais pas dans l'intérêt de qui on me fait faire ça", a déploré, mardi sur RMC, Michel-Édouard Leclerc, patron des magasins E. Leclerc.
Les produits d'hygiène, premiers sacrifiés
Les Leclerc, Carrefour et autres Intermarché espéraient la suspension de cette expérimentation prévue jusqu'en 2026, au nom du pouvoir d'achat des Français. Mais sauf grande surprise, la commission mixte paritaire qui se réunit mardi devrait maintenir en l'état ce dispositif, et même le prolonger jusqu'en 2028.
"Je les encourage à revoir la copie. Je ne comprends pas qu'on ne prenne pas de mesures pour le pouvoir d'achat pour rassurer les Français", affirme Michel-Édouard Leclerc.
Mais l'encadrement des promos n'explique pas à lui seul cette baisse de consommation des produits d’hygiène. Un produit d'entretien et d'hygiène coûte en moyenne 3,58 euros contre 2,72 euros pour les produits alimentaires. Dans un contexte de pouvoir d'achat contraint, les produits d'hygiène sont les premiers sacrifiés par les consommateurs. La crise Covid et le développement du télétravail ont aussi changé quelques habitudes. Les Français simplifient leur routine, ils se rasent et se maquillent moins.