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SMIC, retraites… faut-il une année blanche? “C’est une idée assez inégalitaire”, assure un économiste

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Pour faire jusqu’à 20 milliards d’euros d’économies, le gouvernement envisage une mesure inédite: geler l’ensemble des prestations sociales pendant un an, sans les indexer à l’inflation. Une “année blanche” qui soulève une vive controverse, entre crainte d’un recul du pouvoir d’achat pour les plus modestes et nécessité de redresser des comptes publics en déficit chronique. L’économiste à l'OFCE Mathieu Plane répond à la question dans Estelle Midi ce mardi.

Cela rapporterait jusqu’à 20 milliards d’euros. Concrètement, l’idée d’une “année blanche” est de ne pas indexer les prestations sociales sur l’inflation comme le prévoit la loi. Il s'agit donc de geler les allocations familiales, les minima sociaux, la prime d’activité, le RSA, les aides aux logements, les retraites.

Autant de prestations qui sont traditionnellement relevées au niveau de la hausse des prix. Forcément, si le gouvernement ne les augmente pas du niveau de l’inflation, c’est de l’argent en moins qu’il verse, et donc des économies. Une mesure évoquée ces dernières semaines par Amélie De Montchalin, la ministre des comptes publics, ou encore par le président du Sénat, Gérard Larcher.

Une mesure inédite

Mais c’est une mesure qui n’a jamais encore été prise. En revanche, par le passé, plusieurs gouvernements ont eu recours aux sous indexations. En 2012, sous Nicolas Sarkozy, les allocations familiales et aides au logement avaient été augmentées de 1%, soit deux fois moins que l’inflation. En 2014, François Hollande a figé le niveau des retraites. Enfin, en 2019, le gouvernement d’Édouard Philippe avait revalorisé les pensions et les prestations sociales de seulement 0,3% alors qu’inflation atteignait 1,8. Ce qui avait permis d'économiser près de 2,6 milliards d'euros.

Alors, faut-il une année blanche? C’est le débat dans l’émission Estelle Midi ce mardi. "J'en ai marre que ces gens du gouvernement considèrent le budget sous l'œil de tableau Excel. Il y a des êtres humains derrière. Ils n'ont qu'à arrêter de donner de l'argent à droite, à gauche et de se recentrer sur les Français! Ça suffit de taper sur les plus vulnérables", déclare la chroniqueuse Yael Mellul.

Paul, auditeur et commandant de police, en a, lui aussi, marre: "Le nombre de députés, sénateurs qu'on a... On a 1.000 représentants en France. On est le pays qui en a le plus, aux États-Unis ils en ont 400... Si eux faisaient des efforts, on accepterait".

“Tout le monde va devoir faire un effort, mais il faut qu’il soit bien réparti"

Pour Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, la question se pose: “le problème, c'est que cette idée d’année blanche, c'est assez inégalitaire. Si on touche seulement aux dépenses comme le Smic et les retraites, a priori, cela va toucher les classes moyennes et les gens modestes. Ça paraîtrait bizarre de faire que cela et de ne pas mettre à contribution les plus aisés”.

L’idée d’une année blanche est “trop simple” selon l’économiste, mais “elle est claire et touche un montant important des dépenses”. Toutefois, même si c’est seulement un an, cette perte de pouvoir d’achat est permanente, rappelle-t-il: “vous ne rattrapera jamais les 2pts qui vous manqueront”.

Quoiqu’il arrive, tous les Français devront être mis à contribution. “L’effort de redressement des comptes publics, il est colossal. On va devoir trouver plus de 100 milliards dans les prochaines années. Tout le monde va être mis à contribution, mais l’idée, c'est que ça soit fait de la façon la plus juste possible et la plus équilibrée”, poursuit-il.

L'invité de 12h – Mathieu Plane, directeur adjoint de l'OFCE : "Cette idée d'année blanche est assez inégalitaire" - 03/06
L'invité de 12h – Mathieu Plane, directeur adjoint de l'OFCE : "Cette idée d'année blanche est assez inégalitaire" - 03/06
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“Tout le monde va devoir faire un effort, mais il faut qu’il soit bien réparti. C’est le package qui va compter. On ne peut pas toucher aux chômeurs et aux retraites sans toucher aux patrimoines, aux niches fiscales, etc. Donc l’idée, c'est de faire un redressement des comptes publics qui soit le plus juste possible, mais ça va impacter tout le monde. Ce n’est pas une formule magique”, conclut Mathieu Plane, économiste à l'OFCE, et invité dans Estelle midi.

C.A