5 à 8 milliards d'euros d'argent public "mal employés"? Coup de frein brutal sur l'apprentissage

Selon l’Insee, environ 65.000 contrats d’alternance pourraient disparaître d’ici à la fin de 2025. En cause: la baisse du soutien public à l’apprentissage depuis le 1er juillet.
Un recentrage du financement
Les employeurs doivent désormais s’acquitter d’une participation obligatoire de 750 euros pour tout contrat à partir du niveau Bac+3. Par ailleurs, les formations dispensées à 80% à distance voient leur niveau de prise en charge diminuer.
Ces mesures marquent un coup d’arrêt à la progression fulgurante de l’apprentissage en France. Entre 2017 et 2024, le nombre de contrats avait triplé, passant de moins de 300.000 à plus de 870.000. Une croissance soutenue notamment par la réforme de 2018 et par les aides exceptionnelles déployées pendant la crise sanitaire dans le cadre du plan “1 jeune, 1 solution”.
Des dérives coûteuses
Si l’apprentissage avait connu un tel essor, pourquoi durcir les règles? Le gouvernement invoque des abus et des gaspillages. Le dispositif coûte plus de 20 milliards d’euros par an, dont 5 à 8 milliards seraient “mal employés”, selon plusieurs études.
Effets d’aubaine, aides trop peu ciblées, explosion du coût par apprenti (jusqu’à 25.000 euros dans certains cas, soit deux fois plus que pour un étudiant dans l’enseignement supérieur) : l’exécutif plaide pour une meilleure maîtrise budgétaire.
Un "coup de rabot" assumé
Ces ajustements visent à ramener le système au niveau d’aides qui prévalait avant le Covid, afin d’assurer sa soutenabilité financière. Objectif affiché: limiter les abus ou fraudes, ou les versements injustifiés aux CFA, de mieux aligner le financement sur la réalité de la formation. Un “coup de rabot intelligent”, selon certains observateurs, même si la mesure devrait ralentir l’élan de l’apprentissage en France.