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Arnaque sur Pôle Emploi: "Certains se font de l’argent sur le dos des pauvres"

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Les arnaques aux offres d’emploi sont de plus en plus fréquentes. Et Pôle Emploi le reconnaît lui-même. Pour RMC.fr, Jérémy, demandeur d’emploi dans la région de Toulouse, raconte comment il s’est fait piéger.

Jérémy, demandeur d’emploi dans la région de Toulouse:

"Cela date d’il y a un an. J’étais au chômage, en galère. Je vais sur le site de Pôle Emploi, je tape "magasinier" et dans ce qui remonte dès les premières annonces, je trouve un job qui me convient: je pouvais prendre le train pour aller travailler, ça correspondait niveau horaire, c’était parfait. Et c’était même bien payé. Pour 30h, on me proposait 1200 net.

Le rôle c’était de recevoir de l’argent, afin de le faire passer pour réceptionner des œuvres d’art et les expédier à des clients en Métropole. Je ne devais aller sur Toulouse qu’une fois par semaine. Le reste du temps, je restais chez moi, je recevais les objets d’art et je passais l’argent. Pour moi, ça me semblait correct, mais c’était surtout par appât du gain. Dans les mails que je recevais, il n’y avait pas de fautes d’orthographe. Je recevais des appels qui ne venaient pas d’Europe, mais sans accent particulier.

"Comme j’étais dans le besoin, c’était une solution pour m’en sortir"

Je me posais la question de la crédibilité depuis le début, mais comme j’étais dans le besoin, c’était une solution pour m’en sortir. Donc j’ai commencé ce travail. J’ai reçu un premier chèque, et je l’ai encaissé. Sur 2800 euros, le deal c’était que je garde 300 euros par semaine. Avec ça j’ai pu m’acheter un véhicule pour m’en sortir de mon côté.

Mais une fois que j’ai rendu l’argent, ils ont fait opposition sur le chèque. J’ai été très bête et très naïf. Avec les intérêts je me suis vite retrouvé à découvert de 3000 euros. La banque m’a réclamé l’argent. Par la suite, j’ai essayé de leur prouver que j’étais de bonne foi et que je m’étais fait avoir. Ils ont vérifié le chèque et admis qu’il avait été volé.

"Comment je vais payer mon loyer? Comment je vais manger?"

J’ai beaucoup galéré, je suis en fin de droits chômage, les banques me réclament toujours l’argent. J’essaie de repousser au maximum pour tenter de retrouver une stabilité. Je suis sous pression constante: comment je vais payer mon loyer? Comment je vais manger? Je pensais être protégé, j’avais une assurance protection juridique avec ma banque. Mais j n’ai jamais eu de retour. Au bout d’un moment, plutôt que de m’empêtrer dans des paperasses éternellement, j’ai essayé de m’en sortir de mon côté.

Sur Pôle Emploi, il y a un encart qui signale "Attention aux arnaques". Certes, mais quand j’ai vu cette annonce sur leur site, je me suis dit qu’ils ne pouvaient pas laisser passer ça. Avant cela, j’avais toujours trouvé mes boulots sur Pôle Emploi.

"Peut-être qu’on a considéré que j’étais complice"

Parallèlement à cette histoire-là, j’ai reçu un autre chèque d’une autre annonce que j’avais trouvé sur Vivastreet. Celui-là je ne l’ai pas déposé, j’étais échaudé. Une autre fois, c’était pour un poste de surveillant de nuit à Aubagne. Ils vous avançaient les frais pour vous équiper et c’était encore une histoire de chèque volé. Après ils tentent de se faire payer et c’est nous qui nous retrouvons dans la merde.

Moi je travaille irrégulièrement, je fais ce que je peux pour m’en sortir. Je ne peux pas payer. J’ai porté plainte, j’ai fourni toutes les preuves. Peut-être qu’on a considéré que j’étais complice, mais je me suis juste fait avoir, tout simplement. Et ça arrive très souvent. On a l’impression que le ciel vous tombe sur la tête. Ceux qui font ça sont très forts, et ils se font de l’argent sur le dos des pauvres".

Propos recueillis par Antoine Maes