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Assurance chômage: la réforme se précise, 3,6 milliards d'euros d'économies attendues

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Le gouvernement vise 3,6 milliards d'euros d'économies avec la réforme de l'assurance chômage. Les conditions d'affiliation vont être durcies, avec 8 mois travaillés sur les 20 derniers.

Un objectif de "3,6 milliards" d'euros d'économies et "90.000 emplois" créés: les contours de la réforme de l'assurance chômage se précisent avec notamment un durcissement attendu des conditions d'ouverture de droits.

La ministre du Travail Catherine Vautrin, qui a commencé mercredi à recevoir les partenaires sociaux, a dévoilé les pistes qui tiennent la corde, alors que la réforme doit être présentée en début de semaine prochaine.

Premier à être reçu, le président de la CFE-CGC François Hommeril a fait savoir à l'AFP à l'issue d'une réunion "assez difficile", que "les conditions d'affiliation seront durcies": il faudra avoir travaillé 8 mois dans les 20 derniers mois, au lieu de 6 mois dans les 24 derniers mois actuellement.

Le ministère a confirmé cette piste tout en soulignant que Mme Vautrin souhaite que "la copie gouvernementale puisse évoluer suite à ces concertations". Le gouvernement attend avec cette réforme "3,6 milliards" d'euros d'économies et "90.000 emplois" créés, a-t-on indiqué de même source.

Dans un entretien à L'Express paru ce mercredi, Emmanuel Macron loue une réforme qui "va renforcer l'efficacité de notre système d'indemnisation et les incitations au travail".

"Les poches des chômeurs"

Mais côté syndical, la réforme est vivement contestée. Reçue mercredi soir, la CFDT y voit une volonté de "faire encore plus d'économies" en faisant "les poches des chômeurs", selon sa n°1 Marylise Léon interrogée sur BFM Business.

Après l'échec des négociations entre patronat et syndicats sur la vie au travail et l'emploi des seniors, le ministère du Travail avait annoncé fin avril qu'il fixerait lui-même les nouvelles règles par "un décret de carence" avec une prise d'effet au 1er juillet.

L'objectif affiché de cette nouvelle réforme, après celles de 2019 (pleinement entrée en vigueur en 2021) et de 2023, est "de concourir à l'atteinte du plein emploi" soit un taux de chômage autour de 5% (contre 7,5% actuellement) et de "favoriser le retour rapide en emploi des chômeurs indemnisés".

La réforme intervient aussi au moment où l'exécutif cherche à faire des économies après le dérapage du déficit à 5,5% en 2023.

Le Premier ministre Gabriel Attal, qui s'est pleinement engagé sur ce dossier dès son arrivée à Matignon en janvier, avait énuméré trois leviers pour faire évoluer l'assurance chômage: la durée d'indemnisation, la condition d'affiliation et le niveau d'indemnisation.

A ce stade, seules les conditions d'affiliation sont évoquées, une disposition qui "a des effets plus rapides" sur l'emploi, selon le député Renaissance Marc Ferracci, inspirateur de la première réforme de l'assurance chômage du quinquennat.

L'extension à davantage de secteurs du bonus-malus, un système pour lutter contre l'abus de contrats courts, figure aussi parmi les pistes, ainsi qu'un renforcement de la "contracyclicité" avec une nouvelle réduction de la durée d'indemnisation si le taux de chômage descend sous les 6,5% (cela engendrerait 3 milliards d'euros d'économies supplémentaires).

"Adouci"

François Hommeril a aussi indiqué que le gouvernement veut créer un "bonus à la reprise d'emploi" pour les seniors de 57 ans et plus, mais dans le même temps plafonner les indemnisations des chômeurs proches de la retraite. Une mesure "anti-cadres" et "insupportable" pour le syndicaliste.

In fine, la ligne de Matignon s'est "un peu adoucie", selon des sources gouvernementales et dans la majorité, où l'aile gauche était montée au créneau. Le Premier ministre "a dû battre en retraite sur la durée d'indemnisation des chômeurs", selon un député de cette aile gauche.

Mais les syndicats, qui avaient farouchement combattu les réformes controversées de 2019 et de 2023, sont à nouveau vent debout.

Les responsables des cinq grandes centrales ont apporté mardi leur soutien à une proposition de loi du groupe Liot qui vise à empêcher "la réforme de trop" et doit être examinée à l'Assemblée le 13 juin.

Côté patronal, le président du Medef Patrick Martin soutient l'idée de règles "encore plus incitatives au retour à l'emploi".

Mais le président de l'U2P Michel Picon s'était dit mi-avril "réservé" sur la pertinence de durcir à nouveau les règles, d'autant que "la moitié des chômeurs ne sont pas indemnisés".

LP avec AFP