"C’est la catastrophe": les salariés de Casino inquiets pour leur avenir face aux négociations

Vers une reprise des 313 magasins Casino. Les négociations exclusives de rachat ont débuté ce lundi avec Intermarché et Auchan. L’opération est redoutée par les salariés, car un rachat pourrait redessiner en profondeur le paysage de la grande distribution en France. Mais l'entreprise n'a plus le choix.
En grande difficulté financière, le groupe veut se séparer de 313 magasins, soit quasiment la totalité de ses hypermarchés et supermarchés. Un accord évalué à plus d’1,3 milliard d’euros qui pourrait se conclure avant la fin du premier trimestre 2024.
Mais sans une grande partie de ses enseignes, se pose la question de la raison d’être du siège social et de la chaîne logistique. Les syndicats, encore mobilisés cette fin de semaine pour montrer leur colère, craignent une vague de licenciements massive. Le groupe compte 50.000 salariés en France, plus de 2.000 au siège social à Saint-Etienne. Pourtant, Casino s’est voulu rassurant ce lundi. "L’ensemble des salariés des magasins transférés seraient repris” par les deux intéressés, Intermarché et Auchan.
Beaucoup de Stéphanois étaient très attachés aux valeurs de l'entreprise. Des salariés aujourd'hui désemparés. Après 25 ans de bons et loyaux services, Stéphanie n’en revient toujours pas. “Je suis sans voix parce que je ne comprends toujours pas comment on a pu en arriver là”, explique-t-elle.
"Une véritable remise en cause"
Le pire, pour cette assistante commerciale, c’est l’incertitude sur son avenir.
“C’est anxiogène, on ne dort plus, on n’y était pas préparé. Je me voyais finir ma carrière chez Casino… Là, c’est la catastrophe”, confie-t-elle.
Depuis 1998, Yannick a gravi pas mal d’échelons dans plusieurs magasins de l’enseigne. Aujourd’hui, difficile d’imaginer le début d’une autre carrière professionnelle. “Beaucoup de mes collègues et moi-même, on a commencé à réactiver nos ordinateurs pour refaire des CV. On se remet en question, mais c’est vrai que c’est très dur d’imaginer la suite sans Casino”, appuie-t-il.
Un sentiment très fort d’appartenance au groupe, mais aussi à une famille. Beaucoup travaillent d’ailleurs en couple. “Sur les 15 dernières années de notre vie professionnelle, ça va être une vraie remise en question à la fois personnelle et familiale”, assure Emmanuel. Lui et sa femme sont tous les deux salariés chez Casino.
“Ça veut dire des impacts sur les enfants… Est-ce qu’on reste en France? Est-ce qu’on part à l’étranger? Est-ce qu’on devient boulanger? Donc là, ça va être une véritable remise en cause. Et peut-être, j’espère aussi, une opportunité”, ajoute-t-il.
Sans espoir de rester, ils espèrent désormais être bien accompagnés dans ce changement de vie à venir.