RMC

"Ça fait 42 ans que je vis avec cette usine qui me donne à manger": les salariés d'Arjowiggins abattus après la liquidation judiciaire

RMC
Le tribunal de commerce de Nanterre a prononcé vendredi la liquidation judiciaire pour l'usine de la Sarthe. 800 salariés vont directement perdre leurs emplois.

C’est tombé vendredi. L’entreprise Arjowiggins est officiellement en liquidation judiciaire. Un véritable coup de massue pour les 800 salariés des deux usines du papetier de la Sarthe qui vont perdre leur emploi. Le tribunal de commerce de Nanterre a prononcé la liquidation judiciaire faute d’investisseur privé. 

Vendredi, les salariés ont commencé à emporter leurs affaires. Des employés ont dessiné une grande croix blanche sur la route qui borde l’usine. "Là, on annonce la mort de notre usine. On va marquer Arjo, 1824-2019", explique un employé. 

Derrière eux Olivier électricien passe le portail emportant dans un grand cabas plus de 20 ans de vie professionnelle.

"Voilà mes papiers et mes affaires personnels. J’ai le cœur très lourd et il y a beaucoup de dégoût. Mes parents travaillaient ici. J’ai 42 ans, et ça fait 42 ans que je vis avec cette usine qui me donne à manger. Et là ça s’arrête. Une usine qui a presque deux siècles... c’est difficile", affirme–t-il. 

Des milliers d'emplois touchés

À l’intérieur de l’usine Philippe Abraham délégué CGT s’arrête face aux énormes tuyaux de la papeterie.

"D’ici quelques heures, la vapeur va être coupée et puis ce sera fini. Tout ça, ça concerne peut-être 2000, 2500 emplois. Il y a tous les commerçants, les sous-traitants... c’est ça qui fait mal", précise-t-il. 

L'avocat des salariés, Thomas Hollande, a fait part de sa colère vis-à-vis de l'Etat. "Il y a 800 salariés touchés directement, sans compter les emplois indirects. Il y a eu des liquidations qui ont touché autant de salariés, mais autant dans un même département et une même zone géographique, c'est vraiment inédit".

"15 millions d’euros pour nous sauver" peut-on lire sur la banderole que décroche une employée. "Tout ça c’est fini", souffle-t-elle.

Jean-Baptiste Bourgeon avec Guillaume Descours