"Ça ne devrait pas être un luxe de s'occuper de son bébé": faut-il raccourcir le congé parental?

La nouvelle ministre des Solidarités et des familles, Aurore Bergé, a proposé mardi, dans une interview accordée à Ouest France de mieux indemniser mais aussi de raccourcir le congé parental. Une proposition qui lui a aussitôt attiré des critiques à gauche.
"C'est à chaque fois la même chose, c'est de la casse du système social, de la casse des acquis, de la casse des droits. C'est pour le bien-être des parents et des enfants. Les moments où on accueille des enfants, ce sont des moments où les carrières des femmes se brisent, mais la seule solution face à ça c'est d'augmenter le congé paternité, pas de réduire le congé parental", a réagi Sandrine Rousseau.
Un congé très peu utilisé à plein temps
Le congé parental, c'est ce congé que la mère, le père ou les deux en même temps peuvent prendre après le congé maternité ou paternité. Il peut durer jusqu'à trois ans après la naissance de l'enfant. Sauf qu'il n'est pris à plein temps que par moins d'1% des pères et 14% des mères, notamment parce qu'il est mal payé selon la ministre, 429 euros par mois.
Mathilde, qui a accouché il y a cinq mois d'une petite Roma, est en plein congé parental. Et la proposition de la ministre lui plaît bien.
"Je pense que je vais toucher un peu moins de 400 euros. Avec mon conjoint on y a réfléchi depuis longtemps, donc on a pu économiser."
"Mais ça ne devrait pas être un luxe de devoir s'occuper de son bébé. Donc je pense que ce serait une bonne idée", estime-t-elle. Quitte à le raccourcir: "Dans notre cas, on n'avait pas besoin des trois ans maximum", ajoute-elle.
Au contraire, pour Sabrina, passer du temps avec son bébé bien au-delà du congé maternité, c'est la priorité numéro un: "Je ne me vois pas avoir un deuxième enfant si c'est pour qu'il soit gardé par une nourrice ou à la crèche. Même pour une question d'argent, je ne le ferai pas".
Et pour cause, les premières années passées avec l'enfant sont primordiales, rappelle la psychothérapeute Isabelle Filliozat: "Ce temps de la toute petite enfance, c'est d'une part pour l'enfant le moment où il construit les bases de son identité, mais c'est aussi le moment où se construit la relation entre l'enfant et son parent".
En plus de cette proposition, Aurore Bergé a rappelé l'objectif du gouvernement de créer 200.000 places en crèche d'ici 2030.