Des opposants interdits de manifester contre la loi Travail: "C'est une procédure totalement illégitime"
Après les assignations à résidence, les interdictions de manifester. Plusieurs participants au dernier rassemblement contre Loi Travail ont reçu ce week-end des interdictions de manifester. Des interdictions émanant de différentes préfectures, notamment celle de Paris et de Nantes. Concrètement, les personnes concernées n'ont pas le droit de se rendre au nouveau rassemblement, prévu ce mardi contre la Loi Travail au départ des Invalides à Paris, ni de se rendre place de la République pour rejoindre le mouvement Nuit Debout.
"J'ai refusé de signer"
Au total, à Paris, une vingtaine de personnes serait concernée. Parmi elles, de nombreux membres de mouvements anti-fascistes ou anti-capitalistes. Pierre Douillard-Lefevre, étudiant en Master 2 de sociologie à Nantes (Loire-Atlantique), a reçu une interdiction de manifester. Le jeune homme de 25 ans, qui a perdu l'usage d'un œil après avoir reçu un tir de flashball en 2007 lors d'une manifestation lycéenne, est "interdit de territoire nantais". Il n'a pas le droit de se rendre sur les lieux du défilé lors des deux manifestations prévues cette semaine dans la ville.
"Deux officiers de police judiciaire sont venus lundi à mon domicile pour me remettre ce document de la préfecture, raconte-t-il à RMC. J'ai refusé de signer parce que je demandais à avoir une lecture approfondie du document avant de pouvoir le faire. Il y avait une très longue liste de rues interdites et j'ai ensuite appris, via la presse, qu'il s'agissait d'une interdiction de manifester pour toute la durée de l'état d'urgence".
"Si manifester c'est s'exposer à aller en prison…"
"Le préfet de Loire-Atlantique dit que c'est pour des personnes interpellées pendant le mouvement alors que je n'ai jamais été interpellé pendant un mouvement contre la Loi Travail. Cette justification ne tient donc pas, précise-t-il, très remonté. Je suis donc en contact avec un avocat et on va voir ce qui est envisageable. C'est une procédure totalement illégitime". Et de conclure: "Si aujourd'hui, manifester c'est s'exposer à aller en prison, peut-être faut-il un sursaut collectif".
Interrogé par RMC, maître Bruno Vinay, avocat qui a défendu de nombreux assignés en résidence dans le cadre de l'état d'urgence, s'indigne de ces interdictions de manifester: "C'est un peu la loterie. Pourquoi ces gens plutôt que d'autres? C'est aujourd'hui un Etat arbitraire qui détourne la loi votée au lendemain des attentats pour toucher des personnes qui n'ont rien à voir avec le terrorisme". A noter enfin que plusieurs manifestants ont saisi en référé le tribunal administratif de Paris qui doit statuer ce mardi. Si les personnes bravent l'interdit fixé par la préfecture, elles risquent un an de prison et 15.000 euros d'amende.