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Discrimination à l'embauche: 7 grandes entreprises françaises pointées du doigt

Des grandes entreprises françaises font encore de la discrimination à l'embauche. Conclusion du plus grand "testing" jamais mené en France, commandé par le gouvernement.

10.000 candidatures ont été envoyées à 40 grandes entreprises françaises tirées au sort. Résultat: quand le candidat a un nom à consonance maghrébine, il a 25% de chance en moins de recevoir une réponse que s'il a un nom à consonance européenne.

Sept grandes entreprises sont pointées du doigt: Air France, Altran Technologies, Arkema, Rexel, AccorHotels, Sopra Steria et Renault.

Au départ, une promesse d'Emmanuel Macron: "généraliser le testing, vérifier les comportements et s'assurer qu'il n'y a pas de discrimination à l'embauche", c’était lors de son discours du mois mai 2018. Les chercheurs ont donc envoyé des milliers de candidatures fictives à 40 grandes entreprises tirées au sort.

Les entreprises concernées contestent la méthodologie

Pour chaque test, deux candidatures identiques étaient envoyées, seul le nom du candidat changeait. Par exemple, 109 offres d'emplois d'AccorHotels ont été testées. Résultats: "François" ou "Benjamin", ont reçu 72 réponses, "Mounir" ou "Bachir", seulement 52. Un écart trop significatif pour être dû au hasard, selon les chercheurs.

Écart qu'on retrouve à des degrés divers chez Air France, Altran, Arkema, Renault, Rexel et Sopra Steria. Ces grandes entreprises contestent la méthodologie de l'enquête et elles mettent en avant leurs actions en faveur de la diversité.

Au vu des résultats, ces actions semblent encore insuffisantes. Le gouvernement va donc leur demander de s'engager davantage contre la discrimination et compte reproduire l'expérience avec une nouvelle vague de test. 40 grandes entreprises, pas forcément les mêmes, seront donc testées d'ici la fin de l'année.

Dominique Sopo est le président de SOS Racisme. Selon lui, le gouvernement ne va pas assez loin pour lutter contre la discrimination: "Malheureusement, lorsque ces testings sont fait, on fait mine de s'en émouvoir au niveau des pouvoirs publics, parfois aussi au niveau des médias et de la société. Mais derrière, il ne se passe pas grand chose. On attend de l'Etat la définition d'une vraie politique publique de lutte contre les discriminations et l'activation de sa puissance régalienne, une puissance de contrainte contre ceux qui commettent ce type de délits. Ça pourrait passer par exemple par des formations obligatoires pour sensibiliser les entreprises et les recruteurs, à la question des préjugés".

Victor Joanin (avec C.P.)