Donald Trump incite les fonctionnaires à démissionner, "un climat de maccarthysme"

Aux États-Unis, Donald Trump continue de mettre ses promesses à exécution, notamment sur la réduction du poids fédéral et la coupe des dépenses. Son administration propose à l'ensemble des 2 millions de fonctionnaires fédéraux de "démissionner en différé", avec une indemnité de départ correspondant à huit mois de salaire et d'avantages sociaux", a annoncé Elon Musk sur X, en republiant un message de son organisation de soutien à Donald Trump.
"On estime que 5 à 10 % des effectifs démissionneront, ce qui pourrait permettre de réaliser des économies de l'ordre de 100 milliards de dollars", a estimé celui qui pilote une mission consultative au gouvernement pour faire des économies. Le gouvernement fédéral a d'ores et déjà remercié ceux qui décideront de rester, tout en précisant ne pas pouvoir garantir la pérennité de leur poste. Les employés qui veulent démissionner ont jusqu’au 6 février - soit d’ici neuf jours - pour prendre leur décision.
La fonction publique, source d'économies également en France
En France, le gouvernement continue de plancher sur des pistes d'économies dans le cadre de du budget de l'Etat 2025. En octobre, un rapport de la Cour des comptes préconisait un "retour progressif aux effectifs des collectivités [...] du début des années 2010", ce qui permettrait, selon elle, de réaliser 4,1 milliards d'euros par an à partir de 2030".
Le ministre de la Fonction publique Laurent Marcangeli a par ailleurs confirmé mercredi que le gouvernement prévoyait le gel du point d'indice, le non versement d'une prime et la baisse de l'indemnisation des arrêts maladies pour les fonctionnaires. François Bayrou avait acté, en gage aux socialistes, le renoncement au rallongement du délai de carence à trois jours.
"Sur le papier, l'idée est intéressante"
Une telle initiative serait-elle possible et bien reçue en France? "Sur le papier, l'idée peut sembler intéressante. Cela peut ressembler à gagnant-gagnant", commente en préambule Benjamin Amar, invité d'Estelle Midi sur RMC.
Le fonctionnaire et militant CGT nuance toutefois rapidement son propos, rappellant le "climat ambivalent" actuel aux Etats-Unis et ce qu'il estime comme une "chasse aux sorcières" vis-à-vis des fonctionnaires. "Les annonces de Trump et Musk sont très inquiétantes pour les fonctionnaires, avec des menaces de délocalisation et de traque à la fainéantise. C'est un climat de Maccarthysme."
"Cela ressemble à de la négociation avec un flingue sur la tempe", réagit le syndicaliste Benjamin Amar
En France, comme le rappelle Benjamin Amar, il "existe une loi sur la mobilité des fonctionnaires". Et cette possibilité de mutation ou de changement de service est utiisée par des fonctionnaires, qui généralement, selon le syndicaliste, "ne sont pas heureux au travail". "Ce n'est pas porté par un projet professionnel, c'est un choix contraint."
"On a besoin des fonctionnaires"
"On devait s'interroger en France sur la vision à donner à la mission de service public, elle est extrêmement importante, comment rendre nos fonctionnaires plus à l'aise, vivant mieux leur travail plutôt que d'essayer de les faire partir. On a besoin des fonctionnaires", a-t-il plaidé.
Deux fonctionnaires, interrogés au micro d'Estelle Midi, ne désavouent pas le concept tout de suite. "Je trouve que l'idée n'est pas mauvaise. Je cotoie des enseignants qui sont blasés. Démissionner de l'Education nationale ou du fonctionnariat n'est pas quelque chose d'évident mais cela pourrait être une porte de sortie pour beaucoup, qui hésitent à franchir le pas", estime Stéphanie, professeure des écoles.
"La fonction publique, c'est un confort, on ne va pas se mentir", réagit de son côté Aurélien, fonctionnaire, qui pointe pour autant l'augmentation croissante de l'utilisation des contractuels au sein des services.