RMC

Faut-il imposer des quotas aux entreprises pour embaucher des salariés issus de banlieue?

C’est l’une des mesures préconisées dans le rapport remis par Jean-Louis Borloo à Matignon: une "réconciliation nationale" pour "faire revenir la République" dans les quartiers prioritaires. Par le sport, par la mixité, pas les transports, mais surtout par l’emploi. Il demande donc aux entreprises de faire un effort et d’embaucher des jeunes de banlieues. Et ça fait débat.

Faut-il imposer des quotas aux entreprises pour embaucher des salariés issus de banlieue? C’est l’une des mesures préconisées dans le rapport remis par Jean-Louis Borloo à Edouard Philippe, jeudi, après plusieurs semaines de reports et d'attentes très fortes de la part des élus locaux. 

Si l’ancien ministre de la Ville ambitionne une "réconciliation nationale", il veut "faire revenir la République" dans les quartiers prioritaires, notamment grâce à l’emploi. Et c’est par l’apprentissage dans les entreprises que Jean-Louis Borloo recommande de passer. 

"Est-ce qu'il y a des entreprises qui vont les prendre en apprentissage?"

L’idée n'est pas neuve, mais peut s'avérer efficace: celle des quotas. Imposer aux entreprises de prendre 1,5% d’apprentis domiciliés dans les banlieues populaires. Et tout ça devra se faire vite, selon le rapport: Jean-Louis Borloo leur donne 2 ans. Faute de quoi, des sanctions "d’une extrême violence" tomberont, promet-il.

Une idée et un discours qui va dans le sens de l’électrochoc nécessaire selon Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, dans les Hauts-de-Seine: "C'est une bonne mesure mais la seule question qui est posée, c'est surtout, est-ce qu'il y a des entreprises qui vont les prendre en apprentissage? Dans ma ville, j'ai des jeunes qui viennent me voir et me disent qu'ils se sont inscrits dans tel école et qu'ils en sont virés car ils n'ont pas trouvé de patrons. Le patronat qui nous parle d'apprentissage, il faudrait déjà qu'il prenne des jeunes apprentis et qu'il ait confiance en la jeunesse des banlieues, qui est courageuse"

"Des coups de fouet, ça ne fera pas avancer plus les choses"

Aujourd’hui, seul 12% des entreprises privées de plus de 250 salariés respectent l’obligation d’avoir 5% d’apprentis. Mais pour Jean-Louis Borloo, le secteur public peut aussi faire mieux. Il l’exhorte de recruter 50.000 apprentis issus de banlieue d’ici 3 ans.

Des injonctions complètement "contre-productives", dit François Asselin, le président de la confédération des petites et moyennes entreprises. "Vouloir par la porte et par la fenêtre, mettre des jeunes dans des entreprises, c'est oublier avant tout que c'est une vocation. Si on veut mettre uniquement des mesures coercitives pour y arriver, on risque de passer à côté de l'objectif. Il y a des entreprises et des chefs d'entreprises qui sont tout à fait motivés pour recevoir ces jeunes. Faisons que la motivation des uns colle avec celles des autres. Si, au-delà, vous voulez mettre des coups de fouet, je ne crois pas que ça fera avancer plus les choses".

La mesure est loin d’être entérinée. Matignon a tout juste dit que le rapport Borloo serait lu avec attention. Sans plus.

Matthieu Rouault & X.A