Faut-il réduire l'indemnisation chômage des transfrontaliers? "Si ça m'arrive, je quitte la France"

La négociation sur l'assurance chômage, entre patronat et syndicats, doit se conclure ce jeudi 14 novembre. La nouvelle convention d'assurance chômage doit remplacer les règles actuelles d'indemnisation à compter du 1er janvier 2025. Toujours pas de fumée blanche en vue, notamment en raison de désaccords sur l'indemnisation des seniors et des frontaliers.
Ces derniers perçoivent actuellement des indemnités calculées sur la base de leurs salaires perçus à l'étranger, en général plus élevés qu'en France, notamment pour ceux qui ont travaillé en Suisse et au Luxembourg. Il s'agirait d'appliquer un coefficient pour prendre en compte la différence de niveau de vie entre le pays de travail de l'allocataire et la France.
"J'irai dans le pays qui me donne mon salaire"
"C'est punir les gens qui se bougent et qui ramènent tout l'argent en France pour payer leurs taxes. Si cela m'arrive, je quitte la France et j'irai dans le pays qui me donne mon salaire, à savoir la Suisse", affirme de manière catégorique Anaïs, qui travaille à Bâle et habite à Saint-Louis (Haut-Rhin).
Guillaume, ingénieur, travaille également en Suisse. Il dit comprendre cette mesure, alors qu'il pourrait être concerné puisqu'il va bientôt être au chômage. "Le chômage d'un frontalier est nettement au-dessus du salaire d'un cadre normal en France", rappelle-t-il. En effet, les chômeurs ayant travaillé en Suisse sont indemnisés en moyenne 2.670 euros par mois par le régime d'assurance chômage français, contre 1.265 euros pour l'ensemble des allocataires.
"Par rapport à d'autres personnes qui touchent le chômage en France, ce n'est pas égalitaire", pointe Guillaume, ingénieur qui travaille en Suisse.
Un avis que partage Michel Beaugas, négociateur de Force ouvrière, et la plupart des syndicats réunis autour de la table des négociations. "Tout citoyen français doit être traité de la même manière. C'est mettre le doigt dans un engrenage dangereux", estime-t-il auprès de RMC.
"Allez en province, on va vous dire 'les Parisiens sont mieux payés que les autres', pourquoi ne pas imaginer un coefficient pour les travailleurs en Île-de-France?", poursuit Michel Beaugas. Son syndicat préconise plutôt des mesures incitatives pour notamment pousser les frontaliers à revenir travailler en France.
"La moins pire des réponses" pour faire des économies, selon la CFDT
Le négociateur de la CFDT Olivier Guivarch avait considéré la semaine dernière auprès de l'AFP que faire des économies sur l'indemnisation des frontaliers constitue "la moins pire des réponses" face à la volonté du gouvernement de trouver des économies.
La CGT a en revanche dit "non à la baisse des droits" des frontaliers qui "ont cotisé ou payé des impôts", dans un communiqué conjoint avec les syndicats luxembourgeois OGBL et suisses UNIA et SGB USS.
Le gouvernement a demandé aux partenaires sociaux de trouver 400 millions d'euros supplémentaires par rapport à l'accord conclu en novembre 2023, signé par la CFDT, FO et la CFTC ainsi que par l'ensemble des organisations patronales, mais qui n'avait pas été agréé par le gouvernement Attal faute d'accord sur les seniors.