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Grève à Pôle emploi: "Autour de moi, des collègues sont insultés, tapés"

Les employés de Pôle Emploi sont appelés à faire grève partout en France ce lundi.

Les employés de Pôle Emploi sont appelés à faire grève partout en France ce lundi. - PASCAL GUYOT / AFP

Les employés de Pôle emploi sont appelés à faire grève partout en France ce lundi. Salaires trop bas, surcharge de travail, dématérialisation... autant de raisons mises en lumière et pointées du doigt. Natalia Jourdin, déléguée syndicale FO et conseillère à Pôle emploi, confie ses craintes à RMC.fr.

Natalia Jourdin, déléguée syndicale FO, employée à Pôle emploi.

"Nous recourons tous les mois à des heures supplémentaires, notamment pour traiter les demandes d’indemnisation en souffrance. Mes collègues qui sont en charge de l’accompagnement des demandeurs d’emploi doivent traiter 500 voire 600 dossiers. Ils ne peuvent pas conseiller les gens correctement puisqu’ils sont bien trop occupés.

Nous ressentons une pression et devons faire face à des agressions et des incivilités parce que les gens sont dans cette situation compliquée, qu'est le chômage. Les personnes qu’ils voient en face d’eux sont des conseillers qui se démènent. Malheureusement, ils sont pris à la gorge, n’ont pas leur revenu de remplacement et s’en prennent alors aux premiers individus qu’ils rencontrent, c’est-à-dire le conseiller à l’accueil ou un autre. Autour de moi des collègues sont insultés, tapés. C’est réellement très, très violent.

"Pas de hausse des salaires depuis plusieurs années"

Il faut des embauches massives de personnels sur tous les métiers de Pôle emploi. On a une augmentation importante du chômage depuis plusieurs années mais les effectifs stagnent. On se retrouve avec une surcharge de travail considérable et avec un manque criant de moyens pour faire face à cette demande.

On recrute en permanence des CDD. Les effectifs en CDI sont sous-estimés par rapport à l’activité réelle. En dix ans, le nombre de demandeurs d’emploi toutes catégories confondues a plus que doublé. C’est considérable. Or, pendant cette même période, nous sommes seulement passés de 1 500 salariés Pôle emploi à près de 1 673. L’évolution n’est pas tout à fait à la même hauteur. Cela fait notamment plusieurs années que nous ne bénéficions pas d’augmentation de salaire. Mais ce n’est pas notre plus grande préoccupation.

"On met à l’écart la population la plus fragile"

Les demandeurs d’emploi sont obligés de passer par Internet pour s’inscrire. Avant, ils pouvaient téléphoner ou se rendre physiquement dans une agence. On met à l’écart la population la plus fragile, la plus isolée, celle qui n’a pas accès à l’outil informatique. On l’oblige à ne passer que par Internet. Ça se fait automatiquement. Petit à petit, ça peut mener à une disparition du métier de gestionnaire des droits. C’est une de nos craintes.

Cette dématérialisation réduit l’action humaine et celle des conseillers. Ça engendre de la frustration et un bon nombre d’erreurs. Par exemple, quand le demandeur d’emploi va s’inscrire, il doit entrer un certain nombre d’éléments dans le système informatique. Le jargon administratif est très technique. Il ne va alors peut-être pas saisir les bonnes données puisque ce n’est pas son métier. Ces maladresses peuvent donc générer un trop perçu ou pas assez de revenus par rapport à ce qu’il aurait pu prétendre."

Propos recueillis par Julie Breon