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Travail

Grèves: au Havre il n'y a "pas de bateaux, pas de transports, pas de marchandises, c'est un siège"

Le mouvement contre la loi Travail paralyse le Havre selon les commerçants de la ville.

Le mouvement contre la loi Travail paralyse le Havre selon les commerçants de la ville. - Charly Triballeau - AFP

REPORTAGE - Dans la ville portuaire du Havre dont l'économie dépend beaucoup des industries, patrons d'entreprises et commerçants se sentent assiégés. Ils commencent à chiffrer les conséquences économiques de plusieurs jours de grève.

Le mouvement de grève contre la loi Travail commence à peser pour les commerçants et chefs d'entreprise du Havre. Les accès au Havre par les ponts de Normandie et de Tancarville sont régulièrement bloqués par les manifestants, empêchant ainsi l'accès à l'agglomération et la pénurie d'essence persiste. Jeudi, encore 20% des stations-service étaient en rupture de stock selon la préfecture. Les agents du terminal portuaire ont également fermé le robinet et 40% des importations de pétrole brut du pays sont coupés.

Christine Duteille est responsable administrative d'une entreprise havraise de traitement de l'air, depuis le début des blocage, il est devenu impossible pour ses salariés d'accéder à de nombreux chantiers en périphérie de la ville. "On peut estimer qu'on aura perdu dix jours de chiffre d'affaires et de résultat pour l'instant, mais pour certaines entreprises c'est pire", explique-t-elle. 

"Une ville fantôme"

Les clients ont déserté le centre-ville, un coup dur pour les commerçants. Virginie, gérante d'un commerce du centre-ville a vu son chiffre d'affaires plonger de 40% depuis le début de la mobilisation.

"Le centre-ville est complètement asphyxié. C'est une ville fantôme, c'est vraiment très inquiétant. Les entrées du Havre sont bloquées, moi j'avais une livraison urgente il y a 15 jours, je viens de la recevoir", déplore la commerçante. 

Jean-Pierre, également commerçant a lui a perdu une centaine de clients et 30% du chiffre d'affaires du magasin. "C'est un siège. Pas de bateaux, pas de transport, pas de marchandises et nous pas de clients", résume le commerçant.

Un "siège" qui pourrait avoir des répercussions durables sur l'économie de l'agglomération. Fabrice Tourres, patron d'une entreprise de design d'emballages plastiques devra par exemple remettre des projets à plus tard. "Je déménage mes bureaux en m'agrandissant avec la volonté de recruter. La situation actuelle m'oblige à repousser ces recrutements potentiels". 

Carole Blanchard avec Benoît Ballet