Hauts-de-France: Pôle Emploi demande à ses agents de donner leur cravate aux chômeurs
"Nous vous proposons de collecter des cravates, chaussures, ceintures, sacs, mallettes, ainsi que des montres et des téléphones portables en état de fonctionnement"... Dans les Hauts-de-France, les agents de Pôle Emploi ont reçu, fin décembre, un courrier électronique leur demandant de donner certains accessoires aux chômeurs.
L'initiative, révélée par Mediapart, et RMC a confirmé, la direction régionale leur propose ainsi participer à la collecte de l'association La Cravate solidaire afin d'augmenter leurs chances aux entretiens d'embauche.
Selon Isabelle Lenfant, directrice de la stratégie et des relations extérieures à Pôle emploi Haut-de-France, contactée par RMC, c'est un petit plus pour le moral lors de la recherche d'emploi.
"L'apparence physique est l'une des discriminations à l'embauche. Quand on s'est préparé, quand on a des compétences, parfois, juste avoir un objet qui permet de se réassurer, par une cravate, qu'on a pas parce qu'on a pas toujours les moyens de s'en offrir une, ou un sac à main, et bien, ça permet d'avoir une autre apparence et surtout confiance en soi. Et tout cela permet parfois de transformer l'entretien d'embauche en recrutement effectif".
"Comme si le chômage était de la faute des demandeurs mal habillés"
Mais qu'en pensent les chômeurs eux-même? RMC a joint Xavier Pottiez, président du Mouvement national des chômeurs et précaires dans les Hauts-de-France:
"Les personnes qui ont besoin d'une cravate, d'un costume, ce sont les cadres qui ont encore les moyens. Quand je me présentais pour un emploi, je n'avais ni cravate ni costume. Ce n'est pas vraiment ça qui va aider les chômeurs. Ce sont toujours les demandeurs d'emploi qui sont stigmatisés, comme si s'il y avait du chômage, c'est de la faute des chômeurs parce qu'ils sont mal habillés, parce que le CV est mal rédigé. Alors, qu'en fin de compte, le problème est qu'il n'y a pas assez d'emplois".