"Il est allé mangé et n'est jamais revenu": l'exaspération des employeurs qui peinent à recruter

Emmanuel Macron l'assure encore: pour trouver du travail, dans la restauration et le bâtiment au moins, il suffit toujours de traverser la rue. C'est ce qu'a assuré en substance le président lundi lors d'un bain de foule, revenant sur ses propos polémiques alors qu'un salarié évoquait devant lui ces "fainéants à mettre au travail".
Car certains employeurs témoignent effectivement de leurs difficultés à recruter. Et quand ils y arrivent, ils voient de nombreux candidats ne pas se présenter au travail, ou bien le quitter en plein milieu de la journée.
"Sanctionner ceux qui ne respectent pas le travail"
C'est ce qu'assure notamment sur RMC Mickaël, responsable d'une agence d'intérim dans les Pyrénées-Orientales: "Traverser la rue pour trouver du travail c'est excessif mais remettre les gens au travail c'est une réalité", assure-t-il. "La plus grosse des réalités c'est sanctionner ceux qui ne respectent pas le travail".
"On trouve du travail à des demandeurs d'emploi, mais arrivé le lundi matin à 7h30 pour se lever et aller au travail, ils n'y vont pas", raconte-t-il.
"On a des recruteurs qui trouvent l'emploi et négocient le salaire et le lundi, ceux recrutés n'y vont pas. On les appelle et ils nous disent qu'ils n'ont plus envie après avoir fait leur calcul et assurent que ce n'est pas rentable pour eux", explique Mickaël.
Selon lui, ces candidats estiment être mieux lotis financièrement en étant au chômage et s'épargnant une garde d'enfant ou des frais d'essence pour se rendre sur la mission: "Ils vont aussi demander 35h et attendre des missions à la fin du mois pour que le calcul des indemnités chômage soient plus facile".
Malade, Jennifer qui gère un salon de coiffure, a décidé de lever le pied et propose de recruter une coiffeuse pour travailler 35h en 4 jours chaque semaine: "J'ai eu zéro candidature", assure-t-elle aux Grandes Gueules.
Trop d'étudiants et de filières bouchées?
Laurent, agent de sécurité en Seine-Maritime, raconte comment deux recrues ont quitté le travail très rapidement: "L'un a demandé à manger à l'extérieur, il n'est jamais revenu".
Loïc, 59 ans, chargé d'affaires, a lui aussi des pénuries d'employés et recrute des gens issus d'autres métiers: "Ils sont motivés, on les recrute, on les forme, on les fait monter en compétence", explique-t-il. Selon lui, on favorise beaucoup trop les longues études: "Certains sont poussés à aller en licence à la faculté et ils n'ont pas de travail".
Lundi, en marge de son échange, le président de la République Emmanuel Macron a tenu à tempérer ses propos: "Je ferai attention parce que vous avez toujours des gens en situation de détresse. Mais vous avez des gens qui profitent du système, des gens parfois qui ont un coup dur de la vie, mais la France n’avancera que par le mérite et le travail".