"Il n'y a pas de visibilité à long terme": pourquoi le nombre de CDI est en forte baisse en France

Le nombre de CDI signés est en forte baisse. Sur un an, le nombre d'embauches en contrat à durée indéterminée a reculé de 6,5% par rapport au printemps 2024 selon un bilan du ministère du Travail publié jeudi.
Dans le même temps, le nombre de CDD signés augmente de 3,9%. Mais ce n’est pas la seule perspectives inquiétantes sur le monde du marché du travail. La deuxième alerte sur le tableau de bord de l’emploi, c’est le nombre d’offres de postes recule de 8% au troisième trimestre selon le baromètre Hellowork. Troisième alerte: le recul de l’intérim cet été, malgré le sursaut de l’industrie et de la construction.
Beaucoup de jeunes sont à la recherche de leur premier CDI comme Arthur. Il a 25 ans, il a préféré se lancer en indépendant dans l'événementiel après plusieurs CDD qui ne se transformaient pas en contrats longs.
“J’ai l’exemple de plusieurs collègues qui travaillaient avec moi, dans mon bureau. Ils enchaînent des CDD et des CDD, mais une fois que le CDD est terminé, ça n’enchaîne pas sur un CDI”, indique-t-il.
Jeremy, lui, est ingénieur, il a quitté son emploi il y a quelques semaines. Il cherche un CDI mais les offres qu'il trouve sont bien souvent pour des contrats courts. “Le marché du travail est assez fermé actuellement. En général, on envoie 200 mails par jour. J’espère que je vais rapidement trouver”, pointe-t-il.
Un contexte politique qui inquiète
Une tendance qui est à mettre sur le dos de l'instabilité internationale selon l'économiste Bruno Coquet, les entreprises sont plus frileuses à l'idée de recruter.
“Les carnets de commandes se vident ou se raccourcissent tout du moins. Quand vous êtes dans une situation comme ça, vous arrêtez d’embaucher des gens sur des contrats longs parce que vous n’avez pas une visibilité à long terme”, analyse-t-il.
D'après l'économiste l'instabilité politique actuelle qui devrait selon lui faire reculer davantage les embauches en CDI dans les prochains mois. Plus de 4 ETI sur 10, les entreprises de plusieurs centaines à plusieurs milliers de salariés, ont déjà gelé des projets de créations d’emplois en France.
Et les patrons commencent aussi à réfléchir autrement, notamment à la façon dont ils vont utiliser l’IA. L’étude de cabinet LHH fait un peu froid dans le dos: 46 % des dirigeants réduisent leurs effectifs à cause de l'IA, mais seulement 12% des salariés licenciés le savent.