L'Espagne pourrait mettre en place un congé menstruel: comment ça marche?
Le congé menstruel sera-t-il bientôt instauré en Espagne? Le projet de loi qui prévoit son introduction doit être examiné en Conseil des ministres ce mardi. Concrètement, les femmes qui souffrent de règles douloureuses ou invalidantes auraient le droit à trois jours de congés tous les mois sur certificat médical, et même la possibilité de le prolonger de deux jours supplémentaires en cas de symptômes aigus, assurent des médias espagnols. Sa mise en place serait une première en Europe.
En France, quelques initiatives du genre existent dans certaines entreprises. C'est le cas à Labège, près de Toulouse. Chez ce fabricant de meuble, le projet a été construit de toutes pièces par la direction et l’ensemble des salariés:
"Chaque personne menstruée chez nous, a le droit de poser un congé menstruel ou un jour de télétravail menstruel. Ces journées ne sont pas cumulables et pas automatiques, elles ne sont pas dues non plus", explique Thomas Devineaux le PDG de l’entreprise Louis.
"N’est-on pas en train de recréer un levier de stigmatisation des femmes?"
L’entreprise compte 18 salariés, et un employé sur deux est une femme. Lucie est soulagée, le congé menstruel devient une réalité. "Ce n’est plus tabou du tout, on peut en parler librement. Si je ne vais pas bien, si j’ai mal au ventre à cause de règles douloureuses, je peux très bien l’annoncer devant mes collègues, je n’aurais pas honte et je sais que ça va être bien pris", se félicite-t-elle sur RMC.
Mais pour Corinne Hirsch, présidente du Laboratoire de l’égalité, "cette mesure est une fausse bonne idée": "N’est-on pas en train de recréer un levier de stigmatisation des femmes avec des femmes qui prendraient leur congé menstruel et des femmes qui ne le prendraient pas? Une source d’inégalité entre les femmes elles-mêmes, est une source d’inégalité entre les femmes et les hommes".
Même son de cloche pour Catherine Rambert: "Les femmes ne sont pas égales face à ce problème de règles douloureuses. Certaines peuvent avoir mal pendant quelques heures, pour d'autres cela dure une journée et d'autres deux-trois jours. On ne peut pas avoir une loi en décrétant trois jours d'arrêt pour un problème qui n'est pas le même pour tout le monde", assure-t-elle sur le plateau d'"Estelle Midi".
Et certaines associations féministes y voient aussi un risque de discrimination au moment du recrutement de la salariée.