"La discrimination est réelle": tatouages, piercings, l'apparence au travail reste un frein à l'embauche

Devenir chef cuisinier, c'était le rêve de Maël, 28 ans: "Je n'ai jamais réussi à obtenir ce poste-là malgré mon expérience", raconte-t-il à RMC. Aujourd'hui, celui qui a plusieurs piercings et tatouages travaille dans un magasin dédié.
Car auparavant, son apparence lui a valu des refus: "Dès que tu mets ta photo si t'as le moindre piercing dessus, tu peux être sûr qu'on ne te rappellera jamais". Un physique souvent associé au manque de fiabilité: "On est censé prendre quelqu'un pour son faciès et non son apparence".
Un impact sur le recrutement pour 77% des Français
Car au travail, les préjugés liés à l'apparence physique persistent. 77% des Français estiment que l’apparence physique a un impact important sur le recrutement selon le baromètre "Les Français et l'inclusion" d'OpinionWay publié en avril. Et 68 % des Français estiment aussi que l'apparence à un impact important sur les promotions tandis que 57% seraient même prêts à réaliser au moins un ajustement physique pour des raisons professionnelles.
"La discrimination dans le travail est réelle", explique Cédric au standard de RMC, tatoué, qui a eu "des soucis avec des patrons" quand il travaillait dans le bâtiment, avant de devenir chauffeur poids-lourd où "cela ne pose pas de problème".
Tatouée sur les avant-bras et avec de nombreux piercings sur le visage, Safo a déjà été victime de discrimination: "Je suis Noire, j'ai les cheveux afro et quand j'étais chargée de recrutement, lors des entretiens avec les entreprises, on me disait de retirer les piercings ou la coupe afro". En stage pour devenir aide-soignante, elle assure qu'elle n'a eu aucun problème lors de ses premières expériences.
Des différences selon les secteurs
Il faut juste ne pas être dans l'excès, pour Benoît Serre, de l'association nationale des DRH: "Je ne conteste à personne d'avoir des tatouages ou des piercings, mais je ne conteste à aucune entreprise le droit de privilégier l'image de la société. Ce n'est pas de la discrimination".
"Il y a des entreprises plus souples que d'autres, notamment les start-up alors que dans les banques, on n'est beaucoup plus traditionnel", explique Jean-Christophe Scieberras, président de la société de conseil NewBridges.
L'apparence physique figure parmi les critères interdits par la loi "mais quand cela peut poser des problèmes avec la clientèle", certains patrons peuvent imposer une tenue et une apparence "si ça désorganise l'entreprise", assure Jean-Christophe Scieberras qui conseille aux candidats à l'embauche "de ne pas être naïfs" alors que "certains préjugés ont la vie dure".