Le patronat quitte les négociations sur l'assurance-chômage: "On est prêts à revenir après clarification" assure Geoffroy Roux de Bézieux sur RMC
Les organisations patronales Medef, CPME et U2P ont annoncé ce lundi suspendre leur participation à la négociation sur l'assurance-chômage dans l'attente d'une clarification du gouvernement sur le bonus-malus sur les contrats courts.
A l'origine de leur colère, une déclaration d'Emmanuel Macron qui a réaffirmé jeudi sa volonté de réguler les contrats courts par le bonus-malus. "Tous les efforts menés par les négociateurs pour 'déprécariser' les contrats courts ont ainsi été balayés d'un revers de main", a réagi la confédération des petites et moyennes entreprises, trois jours avant une nouvelle séance de négociation.
"Dans ces conditions", le Medef a dit dans un communiqué séparé ne pas être "en situation de poursuivre la négociation sans une clarification préalable du gouvernement sur la suite qui serait donnée à un accord entre partenaires sociaux".
"On est prêts à revenir à tout moment"
Invité ce mardi matin dans Bourdin Direct, Geoffroy Roux de Bézieux le président du Medef a tenu à s'en expliquer: "Ce n'est pas un bonus-malus sur les contrats courts, c'est un bonus-malus sur le taux de séparation, c'est-à-dire le nombre de gens qui quittent l'entreprise quel que soit la durée du contrat et le motif de séparation. C'est-à-dire qu'une entreprise qui a beaucoup de gens qui la quittent et qui embauche beaucoup de gens sera pénalisée, tandis qu'une entreprise à effectif stable aura un bonus".
Le président du Medef estime que l'Etat doit afficher clairement ses intentions: "On est prêts à revenir à tout moment. Je suis partisan du dialogue social. Il faut que le gouvernement clarifie les choses, qu'il nous dise que si on fait une proposition alternative, elle sera examinée, ou qu'il nous dise clairement qu'il prendra la main et décidera. Ce n'est pas la peine qu'on s'écharpe avec les syndicats pour que derrière le gouvernement décide".
"Je ne nie pas qu'il y a un problème de contrats courts. Il faut trouver une solution. Ce qu'on s'apprêtait à proposer jeudi, c'est de ne pas taxer les entreprises mais d'essayer de s'intéresser aux personnes qui enchaînent les contrats courts et de voir comment on peut leur donner plus de droits", a-t-il aussi expliqué dans Bourdin Direct.
Fin officielle des négociations: 20 février
Démarrée en novembre, la négociation doit prendre fin le 20 février après avoir été prolongée de deux séances, syndicats et patronat échouant notamment à se mettre d'accord sur un mécanisme qui réduirait le recours excessif aux contrats courts.
En 20 ans, les CDD de moins d'un mois ont été multipliés par 2,5, une source de précarité et un surcoût de deux milliards d'euros pour l'Unedic qui gère l'assurance chômage.
Le système de bonus-malus consiste à moduler les cotisations chômage de l'employeur en fonction du taux de rupture de contrats de travail. L'idée est de faire varier la cotisation patronale à l'assurance chômage, actuellement de 4,05%, en fonction du taux de rupture de contrats donnant lieu à inscription à Pôle emploi, promesse présidentielle soutenue par les syndicats.