Carburants: les réquisitions à la raffinerie de Total de Gonfreville rejetées par la justice

C'est une défaite pour le gouvernement: le tribunal administratif de Rouen a décidé de suspendre l'arrêté de réquisition visant depuis lundi les salariés de la raffinerie de Total à Gonfreville, la plus grande de France. Ces réquisitions avaient été décidées pour endiguer les pénuries de carburant, à quelques jours du week-end et des vacances de Pâques.
Mais le juge estime que la situation ne justifie pas ces réquisitions : les zones les plus touchées par les problèmes d'approvisionnement, le Centre-Val-de-Loire et l'Île de France, ne seront pas encore en vacances, et de toute façon, "la reprise de la plate-forme TotalEnergies ne permettra d’assurer l’approvisionnement de la région Île-de-France que dans 5 jours et de la région Centre Val-de-Loire que dans 7 jours", soit bien après le week-end de Pâques.
"Atteinte grave et illégale au droit de grève"
En conséquent, selon le juge, "le préfet de la Seine-Maritime a porté une atteinte grave et manifestement illégale au droit de grève", et les réquisitions sont suspendues.
Selon Pierre-Yves Hauguel, délégué syndical CGT de la raffinerie TotalEnergies de Normandie, "les salariés réquisitionnés viennent de stopper l'envoi de produits vers le bassin parisien". "C'est une satisfaction car nous avions été déboutés sur le premier arrêté de réquisition. Le juge a estimé qu'il y avait d'autres sites ailleurs en production et qu'il y avait moyen de faire autrement", a ajouté le syndicaliste.
Une précédente requête de la CGT contestant la légalité de réquisitions de grévistes afin d'expédier du kérosène vers les aéroports parisiens depuis cette même raffinerie avait été rejetée le 26 mars.
Cette raffinerie de Gonfreville-L'Orcher reste la seule dont la production est encore arrêtée en France en raison de la grève. En effet, Esso-ExxonMobil a annoncé mardi le redémarrage de la production de sa raffinerie de Port-Jérôme-Gravenchon, qui avait été mise à l'arrêt le 25 mars.