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Manifestations contre la loi Travail: "On peut très bien se faire entendre sans détruire un lycée"

De nouveaux débordements ont eu lieu mardi lors des manifestations lycéennes

De nouveaux débordements ont eu lieu mardi lors des manifestations lycéennes - THOMAS SAMSON / AFP

TEMOIGNAGES - Les manifestations de jeunes contre le projet de loi travail, moins importantes que les précédentes, ont de nouveau été émaillées de violences mardi à Paris et en province, et de nombreuses personnes ont été interpellées. Des violences qui inquiètent de plus en plus les parents.

Jets de projectiles, affrontements directs entre forces de l'ordre et lycéens… Les manifestations contre la loi Travail ont dégénéré ce mardi. Par exemple, à Paris, 130 jeunes ont été interpellés et une douzaine était toujours en garde à vue dans le commissariat du 5e arrondissement ce mardi soir. Alors que cela fait plusieurs semaines maintenant que des débordements ont lieu en marge des manifestations lycéennes contre le projet de loi travail, le lycée Galilée de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), fermés depuis plusieurs jours, a décidé de rouvrir ses portes ce mercredi matin.

"C'est vraiment scandaleux"

A l'heure d'entrée en cours, de nombreux parents ont décidé de former une chaîne humaine symbolique pour faciliter l'accès à l'établissement, car ils sont très inquiets des récents débordements. Parmi eux, il y a Houria, prête à tout pour que son fils puisse de nouveau retrouver les bancs de l'école, ne comprend toujours pas pourquoi ce blocus de lycéens contre la loi El Khomri a pu se dégrader. "C'est vraiment scandaleux, estime-t-elle. Jusqu'où va-t-on aller? A deux mois du bac…"

Pour cette mère de famille, ces débordements ont complètement éclipsé les revendications lycéennes: "Cela amuse beaucoup, les élèves étaient bon public. Malheureusement c'est comme ça: on est jeune, on se prend au jeu et voilà… Mais il n'y a pas beaucoup de réflexion derrière". Son fils, pourtant contre ces violences, n'a pas souhaité s'exprimer car, dans ce genre de situation, "il y a une chape de plomb entre élèves", explique Houria.

"Cela m'inquiète"

"Il y a une solidarité, pas vraiment présente en temps normal, qui fait que parler, témoigner c'est passer pour une 'balance'", assure-t-elle. A Levallois- Perret, commune voisine de Gennevilliers, tout le hall d'un lycée qui a pris feu ce mardi. Alors que l'établissement est fermé aujourd'hui, les yeux rivés sur son fils, Aurélie est toujours sous le choc: "Je ne surveille pas mon fils au lycée donc j'ai besoin qu'il soit dans un cadre assez sécurisé. Donc, cela m'inquiète de voir qu'il y a de tels débordements, d'autant plus qu'ils sont difficilement maîtrisables".

"Mon fils est aujourd'hui confronté à des enfants, parce qu'on peut encore appeler ça des enfants, qui ne savent pas vraiment pourquoi ils agissent, poursuit-elle, agacée. On peut très bien se faire entendre sans brûler des poubelles ou caillasser et détruire un lycée". Alors que cette violence est condamnée par les associations de parents d'élèves, la FCPE a fait savoir qu'elle participera aux prochains cortèges de jeunes afin d'éviter de nouveaux débordements.

Maxime Ricard avec Marie Monier