Menaces de Gattaz contre la loi Travail: "M. Pin's devient M. Ultimatum"

Pierre Gattaz donne trois semaines au gouvernement pour revoir sa copie. "Ce n’est pas un ultimatum ; c’est comme ça, les gars, c’est tout", a-t-il dit ce mardi matin devant les journalistes. Pas d'ultimatum, mais une "mise en garde", selon les mots du patron du Medef. Il a ainsi demandé au gouvernement de "profondément corriger" le projet de Loi Travail, sans quoi il claquera la porte des négociations sur l'assurance chômage. "Ce n'est pas un ultimatum du Medef qui va peser sur le débat parlementaire ou sur l'engagement du gouvernement", a rétorqué Matignon, jugeant que "la loi Travail est prise en otage d'enjeux internes au Medef".
"J'appelle le Medef à revenir à la raison"
Autre réaction, celle d'Olivier Faure, député PS de la 11e circonscription de Seine-et-Marne, et porte-parole du Parti Socialiste. Pour lui, Pierre Gattaz en fait trop. Il estime aussi que le gouvernement doit persévérer et ne pas céder aux pressions du patronat. "M. Gattaz s'est transformé en M. Ultimatum alors qu'il est surtout connu pour être M. Pin's, ironise-t-il sur RMC. M. Pin's qui s'est engagé à créer un million d'emplois en échange du Pacte de responsabilité. Et le voilà qui menace de quitter les négociations alors même qu'il n'a tenu aucun engagement. Ce n'est pas responsable".
"Je ne peux pas imaginer que le patronat puisse aujourd'hui accepter de faire pression en utilisant les chômeurs contre une décision démocratique, qui est celle du Parlement", ajoute-t-il. François Rebsamen, ancien ministre du Travail, de l'Emploi, de la Formation professionnelle et du dialogue social, juge lui aussi que l'attitude de Pierre Gattaz n'est pas raisonnable. "C'est contraire à l'esprit du dialogue social, considère-t-il sur RMC. J'appelle le Medef à revenir à la raison. Il faut les recevoir et arriver à les convaincre que cette loi est une loi équilibrée".
"Le gouvernement est aux abois"
Et de s'adresser directement au patron du Medef: "Vu ce que le gouvernement a fait pour rétablir les marges des entreprises, vous devriez maintenant encourager les entreprises à embaucher alors que la reprises économique est là". Mais Pierre Gattaz trouve du soutien auprès de Sébastien Huyghe, Secrétaire Général adjoint des Républicains et député du Nord pour qui le représentant du Medef utilise tout simplement les mêmes méthodes que les syndicats de salariés et d'étudiants.
"C'est un signal envoyé au gouvernement en disant: 'Vous ne fonctionnez que sous la contrainte alors j'ai décidé de passer à la contrainte pour enfin être entendu'. Le gouvernement est donc pris à son propre piège car apparemment il écoute ce que disent les plus gauchistes du PS et est sourd aux demandes des entreprises, juge-t-il. Les entreprises ont donc décidé de fonctionner de la même manière que les gauchistes". Selon lui, "le gouvernement est aux abois et ne s'est plus à quel saint se vouer. Il est donc soumis aux pressions".