Milee en liquidation judiciaire: la fin d’une époque, les prospectus en voie de disparition

C’est la fin d’une époque, celle des boîtes aux lettres remplies de prospectus. Milee, un géant du prospectus publicitaire papier, met la clef sous la porte. L’entreprise a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Marseille, ce lundi. C’est un géant du papier devenu colosse aux pieds d’argile. Et une industrie appelée à se réinventer… ou à mourir. L’entreprise Milee ne peut plus payer les salaires, c’est la fin d’une longue procédure et de multiples tentatives pour sauver l’entreprise…
Qui veut encore des prospectus publicitaires en papier? Mais on ne parle pas tant des particuliers que des clients de Milee. Leclerc réduit son gaspillage de papier, coupe ses contrats et annonce économiser 50.000 tonnes de papier. La grande distribution, dans son ensemble, suit cette tendance. Cora est passé de 260 millions de catalogues imprimés en 2019 à 0 en 2023.
La conséquence de cette faillite, c’est la destruction de 10.000 emplois en trois mois, 5.000 dans un plan de sauvegarde de l’emploi en juillet, 5.000 cette semaine. Parmi ces salariés, 1.700 ont plus de 70 ans, ce sont des retraités encore au travail pour arpenter les routes. Des précaires, des temps partiels, pour beaucoup. Milee, c’était 200 locaux dans le pays, un réseau d’imprimeurs, un réseau de distribution. Mais une entreprise criblée de dettes avec 60 millions d’euros d’impayés. Et en France, un volume publicitaire presque divisé par deux en quatre ans.
Encore un tiers des Français font leurs courses selon les prospectus
Certains territoires testent le dispositif "Oui Pub", issu de la Convention citoyenne pour le climat et de la loi climat et résilience. S’il n’y a pas cet autocollant sur la boîte aux lettres, on ne glisse pas de prospectus, pour éviter le gâchis de papier. L’imprimé a mauvaise presse et l’entreprise Milee n’était tout simplement plus en phase avec son époque.
Avec le cercle vicieux d’une entreprise en fin de vie, le contexte de ces dernières années, c’est la crise sanitaire, la crise de l’inflation, la flambée du prix du papier qui a doublé en quelques mois, les annonceurs qui basculent un à un vers le numérique qui permet de mieux cibler la publicité… Mais c’est oublier que le numérique pollue aussi. Entre l’injonction écologique, la logique économique et la réalité du terrain quadrillé par Milee, il reste qu’en 2021, 31% des Français déclaraient faire leurs courses en fonction des prospectus.