"On est inquiets sur l’avenir": les salariés du groupe Casino entament une grève

Très endetté, le groupe s'est engagé dans une restructuration et doit changer d'actionnaires début 2024. Mais en attendant, Casino s'est dit prêt à étudier les propositions de rachat de ses magasins par des concurrents.
Une décision qui provoque l’inquiétude des représentants du personnel et des salariés, comme Christopher, salarié du groupe Casino et élu CGT: "On est inquiets sur l’avenir, sur le devenir, et on se pose des questions sur comment ça va évoluer". Mais il n’abandonne pas: "Il faut qu’on s’en sorte, si on reste positif peut-être qu’on y arrivera, on garde toujours espoir".
4.000 emplois menacés
Les syndicats de personnel reprochent avant tout un manque de communication de la direction, notamment sur la vente des magasins à des concurrents. Et sans ces magasins, plusieurs services sont menacés. "Les repreneurs ne reprennent généralement pas les services supports, centraux, sièges ou entrepôts", détaille le délégué syndical CFE-CGC du groupe Didier Marion.
4.000 emplois sont concernés et pourraient être supprimés. Les concurrents Auchan et Intermarché ont déjà déposé une offre portant sur l'ensemble des magasins, a officiellement indiqué un représentant d'Auchan, Serge Papin, le 30 novembre sur BFM Business.
“Cela fait un moment qu’on connaît des ventes partielles de l’entreprise, et là on annonce la vente de tous les hyper, de tous les supermarchés Casino avec effet domino sur le siège et sur la logistique Easydis. Si demain, les magasins et la logistique sont vendus, quelle est la raison d’être d’un siège social? Elle n’en a plus donc les nouveaux repreneurs vont s’en débarrasser indirectement et tranquillement, vous allez avoir une perte de l’emploi”, craint Jean Pastor, délégué syndical CGT.
Une réunion pourrait avoir lieu entre la direction et les syndicats la semaine prochaine, alors que le groupe (Monoprix, Franprix, Pao de Acucar, Exito...) comptait encore, fin 2022, 200.000 salariés dont 50.000 en France.
Un appel à une forte mobilisation à Saint-Etienne
En attendant, les cinq organisations représentatives du personnel (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) se sont réunies en intersyndicale et ont appelé à la mobilisation.
Le préavis de grève a été déposé le 1er décembre, en raison du "manque de considération" à l'égard des salariés et de leurs représentants par rapport à "la situation inquiétante du devenir de l'intégrité de Casino".
La journée d’action débute par un rassemblement prévu ce mardi, devant le siège du groupe à Saint-Etienne, où travaillent 2.000 personnes, à partir de 9 heures. Puis un cortège démarrera à 10h30 pour se rendre jusqu’à la préfecture, puis devant l’hôtel de ville de Saint-Étienne.
"Casino et 'Sainté', ça dure depuis 125 ans", indiquent les cinq organisations représentatives du personnel dans leur appel à la mobilisation. "Sans votre solidarité, cela pourrait s'arrêter."
Les élus du groupe municipal d'opposition PS et divers gauche de Saint-Etienne ont prévu de se joindre au mouvement "pour montrer leur attachement" au maintien de l'activité dans la région. Quentin Bataillon, député Renaissance de la 1ʳᵉ circonscription de la Loire, sera également présent, évoquant lundi auprès de l'AFP une situation "très inquiétante".
Une autre manifestation est aussi prévue à Vitry-sur-Seine, en région parisienne, où se trouve le siège de Franprix. Environ 1.600 personnes y travaillent, selon la CFE-CGC. Le préavis de grève court jusqu'au 31 décembre et concerne l'ensemble des salariés et des gérants du groupe.