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"On nous enlève tout!": la colère et la détresse des salariés de l'usine Bridgestone de Béthune

Pour les salariés du site de Béthune, c'est un véritable coup de massue. Ils reprochent à la direction de n'avoir pris aucune décision stratégique ces dernières années.

Le Japonais Bridgestone a annoncé mercredi la fermeture de son usine de Béthune dans le Pas-de-Calais à l'horizon 2021, une usine de fabrication de pneumatiques pour voitures. La direction évoque des "problèmes de marché structurels" et la "viabilité des opérations de l'entreprise".

Treize ans qu'Arnaud est ouvrier à Bridgestone. Cet ouvrier a la mâchoire crispée, et le visage pâle en apprenant la fermeture. C'est la colère et l'incompréhension qui domine.

"On a tous une famille, une maison à payer. Moi, j’ai mon père qui a travaillé là, qui y a fait sa carrière. Il n’est plus présent sur Terre, mais il y a plein d’anciens qui se sont battus pour avoir ce qu’on a nous aujourd’hui et maintenant on nous enlève tout. Ca fout les boules”, confie-t-il. 

Depuis les années 60, des pneus sortent de l'usine située dans l'ancien bassin minier. Un fleuron industriel délaissé par la direction regrettent les syndicats. Au profit, selon eux, de la dizaine d'autres usines ailleurs en Europe. 

Favoriser les départs en retraite

Pour Christian Duchateau, représentant du personnel, il est encore temps d'investir à Béthune. “On a été capable de faire des investissements dans les nouvelles technologies. Aujourd’hui notre savoir-faire, on l’a toujours gardé, mais il faut s’en donner les moyens”, ajoute-t-il.

La fermeture est prévue dès le printemps prochain. 863 suppressions de postes qui vont mettre à mal toute l'économie de Béthune s'angoisse son maire Olivier Gacquerre. 

“Il y a une véritable crise sociale qui s’annonce. Avec tous les emplois directs et indirects, ça pourrait concerner 4000 à 5000 personnes. Dans une ville avec un nombre déjà important vivant sous le seuil de pauvreté, c’est un cataclysme”, assure-t-il.

La direction promet de limiter les licenciements secs en favorisant les départs anticipés en retraite et reclassements.

Lionel Top et Cyprien Pézerl avec Guillaume Descours