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Quand trop travailler tue: "Je fais 70 heures par semaine avec 4h de sommeil par nuit, on n'a pas le choix"

Selon une étude, travailler plus de 55h par semaine augmente le risque d'AVC et de décès. L’étude estime même que les confinements et le télétravail aggravent la situation.

Il est 18h30 et c'est loin d'être la fin de la journée pour de nombreux entrepreneurs qui gravitent à la station F, le plus grand incubateur d'entreprises de France. Debout depuis 6h, Thomas jongle entre sa thèse et la création de sa start-up : "Les 55 heures je les fais largement. Je dois faire entre 65 et 70 heures par semaine avec 4h de sommeil par nuit. C’est inquiétant mais si on a envie de créer notre start-up on n'a pas le choix".

De tels horaires, augmentent de 35 % le risque d'AVC, indique pourtant une étude révélée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale du travail (OIT). Le jeune entrepreneur comme cet employé habitué des semaines à rallonge dans une autre start-up, ne pensent pas à leur santé : "D’un autre côté ce que j’ai à l’esprit, c’est terminer mon projet et rentrer dans les clous".

"Aucun emploi ne vaut la peine que l’on prenne le risque d’un AVC"

Et avec la généralisation du télétravail, la tendance risque de s'aggraver s'inquiète la sociologue du travail Danièle Linhart : "Les gens chez eux ont tendance à allonger la plage horaire, ils veulent donner des preuves qu’ils travaillent aussi bien chez eux. C'est quelque chose qui est un peu pernicieux".

Travailler sous tension, même moins de 55 heures par semaine, présente aussi un risque cardio-vasculaire. Un quart des salariés est concerné en France notamment dans la restauration, ou les métiers de la santé indique la Dares, la Direction de l'Animation de la recherche, des Études et des Statistiques. Entre 2000 et 2016, le nombre de décès après une cardiopathie liée aux longues heures de travail a augmenté de 42 %, un chiffre qui s’établit à 19 % pour les AVC.

C'est la première analyse mondiale des effets de l'allongement du temps de travail sur la santé. Un tiers des décès liés à l'emploi dans le monde sont associés à de longues heures de travail, ce qui en fait le premier facteur de risque de maladie professionnelle. "Aucun emploi ne vaut la peine que l’on prenne le risque d’un AVC ou d’une maladie cardiaque", rappelle le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.

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Nicolas Traino (avec Guillaume Dussourt)