Quotas de salariés issus de banlieues: "Pour que ces jeunes soient employables, il faut qu’ils apprennent les codes"
Les propositions du plan Borloo ont été dévoilées ce jeudi 26 avril. Les entreprises sont invitées à s’impliquer dans une expérimentation qui doit conduire en trois ans, 20 000 habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) vers l’emploi.
Pour se faire, Jean-Louis Borloo encourage le recours à l’apprentissage. "Dans les deux ans", les entreprises privées doivent "parvenir à 1,5 % d’apprentis" domiciliés dans les banlieues populaires. Sinon, "le Parlement sera saisi pour décider de légiférer de manière réellement contraignante". M. Borloo exhorte aussi le "secteur public" à faire sa part, en recrutant 50 000 apprentis provenant des QPV, en trois ans.
"En tant que personne en situation de handicap, je suis pour les quotas"
Pour Patrick Toulmet, président de la chambre des métiers et de l’artisanat de Seine-Saint-Denis, les quotas sont nécessaires pour le bien des banlieues mais il faut organiser leur introduction.
"En tant que personne en situation de handicap, je suis pour les quotas. Heureusement qu’on a eu des quotas pour nous, pour l’embauche de personnes handicapées sinon, je ne sais pas où on en serait aujourd'hui. Par contre, pour les quotas d’embauche pour les jeunes de banlieues, il va peut-être falloir prévoir quelques petites choses avant. Pour que ces jeunes soient employables, il faut qu’ils apprennent les codes".
"Il faut leur donner les codes pour commencer"
L’intégration des jeunes n’est donc pas à 100% gagnée. Pour le président du CFA de Seine-Saint-Denis, cela ne peut se faire sans apprendre en amont, les codes indispensables pour s’intégrer au mieux au monde du travail.
"L’année dernière, on a organisé un sas de resocialisation avec 438 jeunes qu’on a formé. C’est-à-dire qu’on a des coaches extérieurs qui leur ont appris à se présenter, à savoir parler, à téléphoner. On ne peut pas comme ça, dire aux patrons, allez-y prenez ces jeunes ou imposer à ces jeunes d’aller en entreprise. Il faut leur donner les codes pour commencer. (…) Grâce à cette formation on en a sorti 220, donc de très bons résultats".
"Nous n’avons pas que des cas sociaux"
Le plan Borloo semble donc redonner de l’espoir aux défenseurs des banlieues. Reste à savoir quelles mesures le gouvernement, après lecture du rapport, souhaitera concrétiser.
"Moi j’aime le département de la Seine-Saint-Denis. Il y a des pépites. J’ai des gamins qui travaillent au Plaza Athénée, qui sont chez Pierre Hermé et dans les plus belles maisons françaises. Nous n’avons pas que des cas sociaux. (…) Je dis toujours, chez moi, j’ai des Bac +6 et des Bac -12 et c’est eux que j’aiderais le plus".