Rémunération, stress, qualité de vie... Quel rapport les jeunes entretiennent-ils avec le travail?

Les jeunes ne veulent pas travailler, les jeunes sont des fainéants et représentatifs de cette fameuse "Gen Z" (ceux nés à la fin des années 90 jusqu'au début des années 2010, NDLR) qui bousculerait la vie en entreprise depuis leur arrivée sur le marché du travail.
Est-ce vrai? Pas forcément, à en croire une étude de l'institut Montaigne Les jeunes et le travail : aspirations et désillusions des 16-30 ans, parue mardi 29 mai. "Ce sont beaucoup d'idées reçues, les jeunes ne rejettent pas le travail", explique ce samedi sur RMC Olivier Galland, sociologue et co-auteur de l'enquête.
Dans le cadre de cette étude, des "scolaires et étudiants", âgés de 16 à 22 ans, des "actifs précoces", âgés de 19 à 22 ans et des "actifs avancés", âgés de 25 à 30 ans, ont été interrogés. Le postulat de départ est qu'il n'y a pas une jeunesse homogène mais des jeunesses, "aux attentes et aux parcours parfois très variés".
La rémunération, "critère numéro 1"
Par exemple, "les attentes des jeunes en matière de qualité du travail varient fortement selon leur niveau de diplôme. Les diplômés des filières professionnelles (CAP, BEP, BTS, DUT) se montrent globalement moins exigeants que leurs homologues issus des filières universitaires généralistes".
Et les motivations pécuniaires ? 80% des jeunes sondés affirment qu'ils continueraient à travailler, même sans nécessité financière. On se demande cependant si une réponse négative de leur part serait davantage pointée du doigt que celle provenant d'actifs plus âgés.
Car si le "travail pour les jeunes n'est pas qu'un moyen de subsistance", la rémunération reste le "critère numéro 1", affirme Olivier Galland. Le travail, ou cette fameuse "valeur travail" prônée souvent à droite mais aussi par une partie de la gauche, reste "vecteur d'intégration et le moyen de se réaliser", toujours selon le chercheur.
Les jeunes d'aujourd'hui se sentent concernés par la qualité de vie au travail et les conditions dans lesquelles ils sont amenés à exercer leur emploi. S'ils sont exigeants, pourtant "2/3 occupent un emploi qui ne répond pas totalement à leurs attentes", ce qui génère selon Olivier Galland beaucoup de "frustration". L'ennquête révèle par ailleurs que les jeunes sont confrontés au harcèlement moral (27 % des jeunes actifs déclarent l’avoir subi) et sexuel (9 %) en entreprise.
"Principe de seigneurie" dans le monde du travail
Les jeunes ne veulent plus occuper de travail physique mais, de toute façon, la tertiarisation croissante du marché du travail (l'augmentation des métiers de service au détriment des métiers de l'industrie et de l'agriculture) facilite les emplois dans lesquels les jeunes sont en contact avec du public. Un public "de plus en plus exigeant et agressif", qui génère là aussi du "stress chez les jeunes, qui le vivent très mal".
Le marché du travail est encore trop gangrené, selon Olivier Galland, par un "principe de seigneurie qui reste très fort", dans lequel "les adultes ont la sagesse, les qualifications et le pouvoir, et les jeunes doivent se contenter d'obéir et écouter." Selon l'étude, les jeunes ne rejettent pas pour autant le management mais aspirent à ce que leur travail soit davantage valorisé.