Tilly-Sabco: "Ce sont des vies détruites parce que certains ne s'en remettront jamais"

A Guerlesquin, dans le Finistère, les quelques 200 salariés de Tilly-Sabco sont très inquiets. Ce vendredi se joue en effet, au tribunal de commerce de Brest, l'avenir du volailler, à l’arrêt depuis six mois, est en redressement judiciaire depuis le 29 juillet dernier. Au bout de trois ans de procédure, les salariés, épuisés moralement, veulent en finir mais craignent tous de recevoir une lettre de licenciement.
Parmi ces salariés, 14 couples (des familles dans une grande détresse sociale) ont plus de 35 ans d’ancienneté à Tilly-Sabco. Depuis six mois, elles tournent en rond chez elles, ressentant peu à peu la honte du déclassement social. C'est le cas par exemple de Nadine Le Guen et son mari qui attendent avec angoisse, la réponse du tribunal de commerce de Brest. A quelques jours de Noël, ils pourraient tous les deux être licenciés.
"Notre vie tourne autour de l'entreprise"
"On n'a rien acheté. On n'a pas prévu de repas. Rien. On attend que ça se passe, confie-t-elle. Notre vie tourne autour de l'entreprise. On ne parle que de ça. Il n'y a que ça. A la maison, le week-end, avec les enfants, les petits-enfants… On oublie même de leur demander comment ils vont".
Alors que les trois potentiels repreneurs de l’entreprise prévoient tous des licenciements, Nadine, qui est aussi déléguée syndicale chez Tilly-Sabco, s’inquiète pour certains salariés en grande souffrance sociale: "Aller faire ses courses le matin très tôt pour ne croiser personne ou s'enfermer chez soi, voilà où on en est. Ce sont des vies détruites parce que certains ne s'en remettront jamais". Les 195 salariés de Tilly-Sabco ont décidé de se réunir ce vendredi après-midi à l’usine, afin de vivre ensemble la décision du tribunal de commerce.
Trois offres de reprise:
- Une offre conjointe du groupe saoudien Al Dari et du Français Le Clézio: 25 salariés en activité, mais 55 en chômage partiel pendant un an.
- Une offre de LDC, le propriétaire actuel: reprise de 8 salariés et reclassement de 50 salariés sur d'autres sites en France, tous éloignés du Finistère.
- Une offre de Wegdam, un groupe agroalimentaire néerlandais : reprise de l'activité pour 61 salariés.
Dans tous les cas, il y aura donc des licenciements. Jamais l’usine ne tournera au complet comme avant (900 salariés au plus fort de l’activité).