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TotalEnergies: des échauffourées éclatent en marge de l'assemblée générale du pétrolier français

L'Assemblée générale de TotalEnergies doit se tenir ce vendredi à 10h, à la salle Pleyel, dans le VIIIe arrondissement de Paris. Des manifestants écologistes ont toutefois prévu de bloquer l'entrée aux actionnaires afin que l'AG ne se tienne pas. Et des échauffourées ont déjà eu lieu à l'aube.

Shell, BNP Paribas et désormais TotalEnergies... Les images d'assemblées générales de multinationales perturbées se multiplient ces derniers jours. Des échauffourées entre police et manifestants pour le climat ont en effet éclaté ce vendredi, à l'aube, aux abords de la salle Pleyel à Paris, où doit débuter à 10h l'assemblée générale des actionnaires de TotalEnergies.

Des dizaines de manifestants pour le climat ont tenté de pénétrer dans le tronçon de rue passant devant la salle Pleyel, dans les beaux quartiers parisiens. Une poignée d'entre eux, qui s'étaient assis devant l'entrée, ont été délogés par les forces de l'ordre et des tensions ont eu lieu avant que la police ne fasse usage de bombes lacrymogènes pour déloger les manifestants.

Excitation, adrénaline et colère

Cette année encore, après un blocage réussi en 2022, des militants comme Emma vont donc faire face à des actionnaires agacés de ne pas pouvoir assister à l'assemblée. Les activites ont alors été préparés par "les associations organisatrices qui proposent des formations à l'ANV, l'action non violente" explique la jeune militante du collectif Stop Total. Ils ont aussi reçu des "briefs juridiques" pour "faire face à des personnes qui sont opposées à notre présence, et pour faire face aussi à la police qui peut être répressive".

Arthur, un jeune ingénieur qui participe pour la première fois à une action de cette ampleur, explique ressentir "de l'excitation et de l'adrénaline" en marge de la tentative de blocage de l'assemblée générale.

"J'ai de la colère en moi, du fait que les dirigeants de TotalEnergies, mais aussi nos dirigeants politiques, ne comprennent pas l'urgence de la situation", explique Arthur, militant du collectif Stop Total.

La situation urgente dont parle le militant est aggravée par les investissements de TotalEnergies. 80% d'entre eux se font encore dans les énergies fossiles, selon Lorette Philippot, porte-parole des Amis de la Terre.

La militante assure que "les scientifiques du Giec, l'agence internationale de l'énergie l'ont dit: on ne peut pas développer de nouveaux projets pétroliers et gaziers si on compte rester sous la barre des 1,5°C de réchauffement climatique".

40 milliards de dollars de bénéfices pour les leaders pétroliers

Alors, "en mettant de l'argent dans ce type de projets, Total s'engage vers des émissions de gaz à effet de serre non seulement pour aujourd'hui, mais aussi pour les prochaines décennies", développe-t-elle.

De son côté, l'entreprise répond qu'elle ne fait que répondre à la demande d'énergie croissante des pays en développement.

Cette réunion du 26 mai à la salle Pleyel arrive à la fin d'une saison d'AG houleuse, où des militants ont multiplié les actions contre les grands groupes, comme chez les concurrents Shell et BP ou la banque Barclays, accusée de financer l'expansion de projets d'hydrocarbures. Le tout sur fond de profits faramineux: ensemble, les majors BP, Shell, ExxonMobil, Chevron et TotalEnergies affichent plus de 40 milliards de dollars de bénéfices ce trimestre, après une année 2022 grandiose.

TotalEnergies est la major qui a le plus investi dans des projets d'énergies fossiles dans le monde en 2022. Ces deux dernières années, la compagnie a annoncé la création de 30 nouveaux projets fossiles.

Les associations accusent aussi Total d'avoir profité de l'inflation et de la guerre en Ukraine pour faire des superprofits: 36 milliards d'euros de bénéfices en 2022, dont 9,4 milliards de dividendes pour les actionnaires.

Margaux Boulte, avec Alexis Lalemant