Un salarié énervé qui "agresse verbalement" un supérieur n'est pas toujours une "faute"

Le déconfinement s'amorce peu à peu en France. A partir du 9 juin prochain, les règles en entreprise vont changer selon la ministre du Travail Elisabeth Borne: c'est dorénavant aux entreprises de déterminer le nombre de jour de télétravail.
Et les salariés, déjà en mal-être en raison de la crise sanitaire, redoutent à présent le retour au bureau: 50% d'entre eux ne veulent pas revenir au travail dans les mêmes conditions qu'avant, 50% disent ne plus vouloir retrouver leur rythme d'avant et 30% redoutent les retrouvailles avec les collègues.
Et un jugement de la Cour de cassation fait réfléchir: l'accès d'énervement d'un salarié, qui commet une "agression verbale" envers son supérieur, n'est pas nécessairement une faute justifiant un licenciement. Il faut tenir compte de l'origine de cette attitude et elle peut être justifiée par le harcèlement moral qu'il a subi, a admis la Cour.
Elle a jugé ainsi dans le cas d'un salarié qui avait manifesté une vive colère envers son supérieur et avait été aussitôt licencié pour "faute grave", c'est-à-dire sans préavis ni indemnité.
Le licenciement est au contraire dépourvu de cause réelle et sérieuse, a conclu la justice en accordant des dommages-intérêts à l'intéressé, en plus des indemnités de licenciement. La solution dépend des circonstances, mais en l'espèce, cette agression verbale résultait de l'état pathologique du salarié, lequel était la conséquence du harcèlement moral dont il était victime, ont observé les juges.
Le harcèlement se traduisait par une pression morale et une surcharge de travail ainsi que par une attitude rabaissante de la hiérarchie. Le salarié fournissait comme preuve une attestation du psychiatre qu'il consultait régulièrement depuis plusieurs mois pour le stress qui résultait de cette situation.