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Vers une sanction financière pour les entreprises épinglées pour discrimination à l'embauche?

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Une proposition de loi, étudiée ce mercredi à l'Assemblée nationale, vise à renforcer les dispositifs de lutte contre la discrimination à l'embauche dans les entreprises, avec des sanctions pouvant aller jusqu'à 1% du chiffre d'affaires.

Un candidat au nom français a près de 50% de chances supplémentaires d'être rappelé par un employeur par rapport à un candidat au nom maghrébin, d'après le rapport sur les discriminations en France, publié il y a une semaine par l'Observatoire des inégalités.

C'est justement pour lutter contre ce type de discriminations qu'une proposition de loi arrive à l'Assemblée nationale ce mercredi. Son objectif: multiplier les testings, cette méthode qui consiste à soumettre deux profils comparables, à part un critère discriminant, à une organisation pour vérifier si elle discrimine. La proposition de loi compte venir en aide, par exemple, aux travailleurs étrangers discriminés à l'embauche.

Abderazak: "Je suis le dernier de l'école à avoir trouvé une alternance"

Malgré une licence en économie et deux masters, Abderazak, d'origine marocaine, a mis six mois à obtenir une alternance. "J'ai l'impression que mon CV est un peu passé à travers, surtout vis-à-vis de mon prénom", explique-t-il après avoir envoyé 150 candidatures et n'avoir eu que 20 entretiens.

"Je suis le dernier de mon école à avoir trouvé une alternance... Je l'ai senti, je voyais des camarades qui ont trouvé plus facilement avec des noms français", estime-t-il.

Les noms des entreprises pourraient être rendus publics

Le but de la proposition de loi est de permettre à Abderazak de tester lui-même les entreprises en question. Sauf que Claire Hédon, la Défenseure des droits, rappelle que c'est déjà ce que son institution propose.

"On a un numéro de téléphone qui est le 3928 où vous pouvez appeler et vous allez être conseillé. Par exemple, si vous remarquez que votre CV n'est jamais retenu, on fait un envoi d'un CV équivalent avec un prénom et un nom qui sonne entre guillemets 'plus français', et on va voir bien voir si la personne est convoquée ou pas", explique-t-elle.

La proposition de loi permettrait en complément d'interpeller par la suite les entreprises épinglées. Si, au bout de six mois, l'organisation ne prévoit pas un plan d'action pour lutter contre les discriminations, le nom de ces entreprises deviendrait public et une amende de 1% du chiffre d'affaires pourrait être prononcée.

En termes d'accès au logement, la discrimination est également fortement marquée: lorsqu'il cherche un logement, le candidat au nom "français" a 50% de chances en plus d'avoir un rendez-vous pour en visiter un que le candidat au nom "africain", selon le rapport de l'Observatoire des inégalités.

Margaux Boulte et J.A.