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Vignes détruites: pourquoi l'Etat doit plus investir sur la prévention face aux aléas climatiques

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Jean-Marie Fabre, vigneron dans l'Aude et président du syndicat des vignerons indépendants de France, estime sur RMC ce lundi que la lutte contre le dérèglement climatique est vaine et que l'Etat devrait investir la somme destinée à la réparation des dégâts des catastrophes naturelles pour des dispositifs de prévention anti-grêle, anti-gel, anti-sécheresse...

Les dégâts liés aux orages, aux inondations, se multiplient un peu partout en France. Et l'espacement entre deux phénomènes climatiques violents semblent s'amenuiser un peu plus chaque année. Selon Météo France, entre novembre 2023 et avril 2024, la métropole a connu un excédent de précipitations de 36%.

Les agriculteurs sont totalement soumis à ce climat capricieux, et restent toujours inquiets en regardant le ciel. Un ciel qui a apporté de la violente grêle dans l'Aude ce week-end, comme le confirme sur RMC ce lundi 20 mai Jean-Marie Fabre, président du syndicat des vignerons indépendants de France.

Ce dernier explique que deux zones qui regroupent une vingtaine de communes (de Moux à Carcassonne, et dans les Hautes-Corbières) ont été "très fortement touchées" avec de 40 à 100% de pertes pour les vignerons dans ces zones-là.

"Parfois, on bascule dans l'abattement, l'impuissance, face à ce que nous impose le climat. On peut voir une année complète de travail réduite à néant en quelques minutes", témoigne-t-il dans Apolline Matin, estimant qu'il faut "accompagner, écouter celles et ceux qui auront tout perdu".

"Pas un sol sur le territoire français n'est épargné par les conséquences du dérèglement climatique"

Une multiplication de catastrophes qui conduisent à une réflexion sur l'adaptation du secteur du vin au changement climatique, mais aussi de l'ensemble de l'agriculture.

"C'est valable pour toutes les productions... Je ne pense pas qu'il y ait un sol sur le territoire français qui ne soit épargné par le changement climatique et les conséquences du dérèglement climatique: des aléas de plus en plus forts, de plus en plus récurrents", confirme-t-il, jugeant que "l'année exceptionnelle d'aléas climatiques d'il y a 20 ans est devenue aujourd'hui la norme",

"C'est l'année sans aléas qui est devenue exceptionnelle", illustre-t-il.

"On maintiendrait 80-90% de notre production" grâce à la prévention

Pour s'adapter, il réclame de ne plus agir a posteriori mais "protéger les cultures en amont", avec des outils numériques notamment. Reste à savoir qui va payer cette note liée au changement climatique. Jean-Marie Fabre estime c'est en premier lieu aux vignerons d'investir pour protéger leurs récoltes, mais il prévient: "On ne peut pas assumer seuls les contreparties du dérèglement de la planète".

Il réclame notamment à l'Etat de rompre avec ses habitudes, lui qui investit "régulièrement" pour compenser les pertes des agriculteurs après les catastrophes. Il faudrait plutôt selon lui utiliser cette enveloppe pour travailler en amont sur la réduction des pertes sur des dispositifs anti-grêle, anti-gel, ou pour protéger de la sécheresse ou de l'excès d'eau.

Témoin RMC : Jean-Marie Fabre - 20/05
Témoin RMC : Jean-Marie Fabre - 20/05
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"Si ces moyens, au lieu de les mettre après coup une fois que les dégâts sont là, étaient investis a priori, ce que j'appelle le 'plan Marshall' de prévention pour nos cultures, on maintiendrait 80-90% de notre production", estime-t-il.

"On n'aurait plus besoin d'accompagnement financier et on continuerait à jouer le rôle majeur du secteur viticole", rappelant que ce dernier représente la 2e force de la balance commerciale française, avec 500.000 emplois en France.

https://twitter.com/jamesabbott1 James Abbott Journaliste RMC