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Vision fiscale: "Le gouvernement s'est pris les pieds dans le tapis", selon la CPME

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François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, a rappelé ce matin dans Bourdin direct que "beaucoup d'entreprises souffrent" en raison des blocages de "gilets jaunes" et qu'il faut veiller à ce qu'il y ait des mesures d'accompagnement pour éviter qu'elles coulent.

Le gouvernement change de stratégie et a cédé face à la colère des "gilets jaunes". L'exécutif a tenté un geste fort mercredi soir, à trois jours d'une mobilisation à haut risque à Paris, en renonçant "pour l'année 2019" aux augmentations de taxes sur les carburants.

Les hausses de ces taxes prévues pour le 1er janvier étaient dans un premier temps suspendues pour six mois mardi, avant d'être définitivement "annulées pour l'année 2019", comme l'a confirmé le ministre de la Transition écologique François de Rugy sur BFMTV mercredi soir, après une annonce de l'Elysée peu avant.

"Il y a une situation d'urgence économique"

Invité de RMC ce jeudi matin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), François Asselin, s'inquiète surtout des problèmes rencontrés par sa profession: notamment un terrible manque à gagner dû aux blocages depuis le début du mouvement le 17 novembre.

"Dans cette histoire, beaucoup d'entrepreneurs sont concernés par ce qu'il se passe, beaucoup d'entreprises souffrent. Il y a une situation d'urgence économique. Il faut être sûr qu'il y aura des mesures d'accompagnement pour éviter que ces petites entreprises sombrent."

Le patron de la CPME estime ainsi que c'est le manque de vision fiscale du gouvernement qui a conduit à cette situation chaotique avant de saluer le fait qu'Emmanuel Macron ne souhaite pas revenir sur la suppression de l'ISF qu'il a actée.

"Ce qu'il fallait faire, c'est avoir une lisibilité sur l'ensemble de la fiscalité de notre pays. C'est ça que nous réclamons. Et là il faut avouer que le gouvernement s'est pris les pieds dans le tapis. (...) Il a raison de ne pas rétablir l'ISF. Lorsqu'en 2012 il y a eu la purge fiscale avec l'arrivée de François Hollande. Moi, entrepreneur, j'ai perdu la moitié de ma clientèle. Parce qu'évidemment, moi, je travaille dans la restauration du patrimoine, mes clients ce sont plutôt des gens qui ont réussi dans la vie. Ces gens-là quand on leur a fait les poches, soit ils sont partis, soit ils ont arrêté d'investir."

"Beaucoup de Français vivent avec peu d'argent et le pouvoir d'achat est un vrai problème"

"L'argent n'est ni bon ni mauvais, c'est la façon dont on le gagne et le dépense qui est bonne ou mauvaise. Beaucoup de Français vivent avec peu d'argent et le pouvoir d'achat est un vrai problème. Mais quand vous réussissez dans la vie et que vous investissez dans votre pays et bien vous alimentez aussi ceux qui ont besoin de travailler."

Idée avancée par Xavier Bertrand mardi sur RMC pour aider les Français au niveau du porte-feuille: une prime pouvoir d'achat défiscalisée. Riche idée selon François Asselin.

"Non seulement nous y sommes favorables, mais c'était dans les 80 propositions de la CPME pour la présidentielle. Une prime sans taxe et sans fiscalité. (En revanche) Elle ne peut pas être obligatoire. Pour les entreprises qui sont impactées, comment voulez-vous distribuer ce que vous n'avez pas gagné ? Mais quand vous avez les possibilités de motiver vos salariés, surtout dans une PME, et bien vous aimez le faire. Il faut savoir partager la réussite."

J.A. avec Bourdin direct