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"Une trahison du territoire": l'idée d'importer des poissons d'Oman fait polémique à Lorient

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À Lorient, les pêcheurs et les défenseurs de l'environnement sont vent debout contre un projet consistant à importer des tonnes de poissons, par avion, depuis le sultanat d'Oman.

Une table ronde est prévue ce vendredi soir à Lorient, organisée par les écologistes du Morbihan et les acteurs de la pêche dans la région, pour dénoncer un projet fou: importer des tonnes de poissons en avion du sultanat d'Oman.

Un projet soutenu, selon les opposants, par des fonds publics. Et qui inquiète une large partie des pêcheurs qui subissent déjà une crise de la filière en France. Ker'Oman, la société à l'origine de ce projet, rétropédale. Elle affirme à RMC qu'aucun projet d'importer du poisson par avion n'existe pour le moment.

Tandis que les bateaux de pêche viennent décharger leur prise sur les quais au milieu d'immenses hangars, l'idée d'importer en avion du poisson d'Oman, c'est une folie pour Anthony, pêcheur à Lorient depuis 18 ans.

“Ce n’est pas très logique. C’est la goutte d’eau qui pourrait faire déborder le vase. Ça pourrait être de la concurrence. C’est la sardine ou le thon qui seraient mal venus pour être vendus à Lorient”, indique-t-il.

Des craintes infondées?

Car les pêcheurs connaissent déjà une grave crise. Ils sont de moins en moins nombreux et les tonnes de poissons pêchés sont en baisse constante. Des pêcheurs soutenus par Damien Girard, conseiller d'opposition à l'agglomération de Lorient. “C’est un impact carbone qui est 10 fois supérieur à un poisson qui est débarqué ici à Lorient. C’est toute une filière que l’on met en difficulté à travers cette importation. C’est une trahison du territoire tout simplement”, pointe-t-il.

Les craintes des écologistes et des pêcheurs sont infondées, balaye Maurice Benoish, qui préside Ker'Oman, l'entreprise lorientaise de coopération avec Oman.

“Il n’y a pas de projet pour le transport par avion. Il y a eu des réflexions, mais sur ce point particulier, il n’y a rien. En aucun cas, il ne sera fait quoi que ce soit qui puisse porter préjudice aux pécheurs”, affirme-t-il.

À Lorient, 80% du poisson transformé est déjà importé. Mais par la route, pas par avion.

Nicolas Ropert avec Guillaume Descours