Vente de Biogaran: Roland Lescure "regrette" et prévoit des conditions de vente "drastiques"

Les médicaments génériques Biogaran, filiale du groupe français Servier, vont-ils bientôt passer sous pavillon indien? La marque produit 50% de sa production en France et 90% en Europe, et détient un portefeuille de 900 médicaments et emploie 8.600 personnes.
Mais comme l'a révélé jeudi le journal Les Echos, les laboratoires Servier ont engagé une mise en vente de la filiale en 2023, et parmi les 4 candidats en lice pour le rachat figurent deux entreprises indiennes. Le gouvernement n'exclut pas de contrôler les conditions de cette acquisition, d'autant que l'objectif depuis la crise du Covid est de relocaliser au maximum son industrie du secteur de la santé.
Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’énergie explique ce vendredi matin sur RMC qu'il a tenté de convaincre Servier de garder Biogaran, mais sans succès.
"Je regrette cette vente. J'ai dit clairement aux laboratoires Servier que je ne souhaitais pas qu'ils vendent Biogaran", explique-t-il face à Charles Magnien dans Apolline Matin.
"Les conditions seront drastiques"
Le gouvernement sera donc particulièrement vigilant sur les conditions de la vente qui seront "drastiques", prévient Roland Lescure.
"Je serai extrêmement ferme et examinerai toutes les conditions qu'on peut imposer dans une transaction, (notamment) sur deux dimensions importantes : l'approvisionnement en médicaments des Fraçais, et la production en France", poursuit-il.
Roland Lescure temporise et concède que pour l'instant il n'y a pas d'offre ou de proposition concrète de rachat. "Je suis prêt à recevoir les acheteurs potentiels dans mon bureau pour leur expliquer (les conditions)".
Servier justifie la vente de Biogaran par la non-rentabilité de la production des médicaments génériques en France: plus de 10 % des médicaments produits étaient vendus à perte. L'Inde produit des médicaments de même qualité qu’en France, pour quatre fois moins cher.
C’est d’ailleurs la crainte des syndicats : qu'avec un rachat, la production de médicaments soit délocalisée.