Eleveurs porcins: "Qu'on arrête de nous dire que tout est de la faute de l'Europe!"

- - AFP
Les agriculteurs français mettent la pression alors que les ministres européens de l'Agriculture doivent se réunir à Bruxelles ce lundi. Les agriculteurs français, en particulier les éleveurs de bovins et de porcs et les producteurs laitiers, protestent contre des cours trop bas pour leur permettre d'en vivre.
D'après les éleveurs porcins, la réouverture du marché russe et l'arrêt des baisses de prix est un facteur déterminant pour résoudre la crise actuelle de la filière. Ils demandent notamment des mesures d’étiquetage sur l’origine de la viande.
Pour les éleveurs de porc la France doit d'abord soutenir ses agriculteurs. C'est aussi l'avis d'Hervé Lapie qui élève 300 porcs à La Cheppe dans la Marne à quelques kilomètres de Reims. Pour lui, si l'Europe l'incite à investir, la France le freine.
"On avance parce qu'on n'a pas le choix"
L'exploitation d'Hervé est équipée de machines dernier cri, c'est la concurrence européenne qui a poussé l'éleveur à investir il y a 4 ans: "On a investi 1,4 million d'euros. Ce sont des investissements conséquents, sans aucune aide pour rester compétitif. On avance parce qu'on n'a pas le choix, mais à un moment il faut nous accompagner. On oublie d'accompagner la modernisation et l'investissement dans les exploitations agricoles. Il faut être compétitif et technique".
Technique, comme ses concurrents européens, seulement pas encore aussi compétitif. Il reproche à certains éleveurs européens d'utiliser une main d'œuvre bon marché: "Les Allemands embauchent des travailleurs détachés, notamment des pays de l'Est à 500 euros le mois, beaucoup moins cher que nous en France. Je ne pense pas que ce soit le modèle qu'on développe, n'empêche qu'on est en compétition avec nos voisins européens qui n'ont pas les mêmes règles sociales que les nôtres. Il faut que sur le fiscal et le social, il y ait un minimum d'harmonisation au sein de l'Europe".
"On ne sait pas rémunérer les agriculteurs"
Dans ce contexte le prix du porc toujours trop bas donne le coup de grâce aux éleveurs français.
"Les coûts de production sont supérieurs au prix de vente d'environ 20 centimes. On ne sait pas rémunérer les agriculteurs qui sont là pour amener une alimentation de qualité aux consommateurs. Il est grand temps d'engager les réformes en France", juge l'éleveur.
Alors pour Hervé, Bruxelles a une responsabilité dans la crise agricole mais la France aussi : "C'est un peu trop facile de se décharger. Qu'on arrête de nous dire que tout est de la faute de l'Europe, il faut que la France se remette en cause. Nous sommes en grand danger, il est temps de réagir".
En attendant qu'en Europe les règles soient les mêmes pour tous, Hervé garde espoir: "Quand on est éleveur, on est passionné par le métier et les animaux et ils savent bien nous le rendre". Pas encore les politiques, il le regrette.