Emeutes au Chili: 7 morts, le président Piñera déclare le pays "en guerre"
Deuxième nuit de couvre-feu au Chili. Depuis vendredi, le pays est secoué par des émeutes et des pillages, la pire explosion sociale depuis des décennies. Face à une situation qu'il qualifie de "guerre", le président Sebastian Piñera a fait machine arrière et a annulé la hausse du prix du ticket de métro à Santiago, qui avait mis le feu aux poudres.
Insuffisant pour les Chiliens qui continuent à protester face aux conditions socio-économiques et aux inégalités dans ce pays considéré comme l'un des plus stables d'Amérique latine. Pour la deuxième nuit consécutive, une mesure de couvre-feu a été décrétée à Santiago entre 19h et 06h locales. L'état d'urgence est également en vigueur dans plusieurs régions, dont celle la capitale de 7 millions d'habitants. Il a été étendu dimanche soir à plusieurs grandes villes du sud et du nord du pays.
Un peu plus tôt dans la journée, des affrontements avaient eu lieu entre manifestants et policiers dans le centre de Santiago. Cinq personnes ont ainsi péri dans l'incendie d'une usine de vêtements en proie à des pillages.
Deux personnes étaient déjà mortes dans la nuit de samedi à dimanche dans l'incendie d'un supermarché également pillé par des manifestants dans le sud de la capitale et une troisième avait été blessée, le corps brûlé "à 75%", selon les autorités.
10.000 policiers et soldats déployés
Deux personnes ont également été blessées par balle et hospitalisées dans un état "grave" après un incident avec la police lors de pillages, également dans le sud de la capitale, selon la même source.
Près de 10.000 policiers et soldats ont été déployés. Les patrouilles de militaires dans les rues sont une première dans le pays depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990). Selon les autorités, 1.462 personnes ont été arrêtées, dont 644 dans la capitale et 848 dans le reste du pays.
Après trois jours de violences, le centre de la capitale chilienne et d'autres grandes villes, comme Valparaiso et Concepcion, offraient des visages de désolation: feux rouges au sol, carcasses de bus carbonisées, commerces pillés et incendiés.
Plusieurs centaines de vols ont été annulés à l'aéroport de Santiago pendant la durée du couvre-feu. Des milliers de voyageurs se sont retrouvés bloqués pour la nuit dans l'aérogare.