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En 2016, pédaler pourra (peut-être) nous rapporter de l'argent

L'Indemnité kilométrique vélo (IKV) va entrer en vigueur en janvier, et permettra aux employeurs d'indemniser leurs salariés qui se rendent au travail en vélo.

L'Indemnité kilométrique vélo (IKV) va entrer en vigueur en janvier, et permettra aux employeurs d'indemniser leurs salariés qui se rendent au travail en vélo. - Ludovic Marin - AFP

Le décret d'application indispensable à la mise en place de l’Indemnité kilométrique vélo (IKV) est attendu ces prochains jours de janvier. Elle permettra aux employeurs volontaires d'indemniser les salariés qui se rendent au travail en vélo à hauteur de 25 centimes d'euros le kilomètre. Mais des freins subsistent.

2016 sera-t-elle l'année du vélo ? La fameuse IKV, l’Indemnité kilométrique vélo, arrive à grande vitesse. Le décret d’application indispensable doit paraître au Journal officiel dans les premiers jours de janvier. L'IKV, c'est un dédommagement pour les trajets entre le domicile et le travail effectués à vélo, que votre engin soit ou non électrique. Le tout exonéré d’impôt sur le revenu, exactement comme un abonnement de transports en commun. Du côté de l’employeur, sa participation est également exonérée de cotisations sociales.

Chaque kilomètre vaut 25 centimes. Mais comme sur les vélos, il y a des freins : l'indemnité est plafonnée à 200 euros par an et par salarié, et surtout, elle est soumise au bon vouloir de l'employeur, contrairement au remboursement des abonnements transports.

"200 euros, ça permet de rentabiliser l'achat"

Pas de quoi freiner les ardeurs de Christophe, arrêté dans les rues de Paris par RMC juché sur son vélo, direction le boulot. "Pour me rendre à mon travail je mets 20 minutes en métro, et un quart d'heure en vélo", se réjouit ce trentenaire, chef de cuisine dans un grand restaurant parisien. "Paris en vélo, c'est génial car on dépasse les autos. Et puis 200 euros, ça permet de rentabiliser l'achat d'un vélo, ça pourrait m'intéresser".

Il est persuadé que ses patrons seront volontaires pour appliquer l'IKV. "Ils sont dans une dynamique développement durable, donc ça devrait leur plaire. En tout cas je vais leur suggérer. Et puis on a la chance d'avoir un parking souterrain dans lequel on peut garer les vélos". Des conditions idéales, donc.

"16 euros par mois"

Mais pour les défenseurs de la bicyclette, le dispositif est très insuffisant et risque de s'avérer peu attirant. "Je pense à tous les gens qui n'ont pas forcément un patron disposé à le mettre en place, donc je pense que l'aspect facultatif va beaucoup limiter la portée incitative de la mesure", anticipe Charles Maguin, président de "Paris en selle". Il pointe également du doigt le plafonnement à 200 euros par an : "Ça fait 16 euros par mois, il y a des chances que pas mal de gens se disent que cela n'a pas d'intérêt économique". Bon, pour les employeurs philanthropes, rien ne leur interdit d'aller au-delà de 200 euros par an, mais sans bénéficier d'exonération fiscale. Autant dire qu'il y a peu de chances que cela arrive.

"Et les salariés en roller et en trottinette ?"

Et la réaction ce vendredi matin chez Jean-Jacques Bourdin du numéro 2 du Medef, Thibault Lanxade, n'incite pas à l'optimisme. L'IKV ? "A partir du moment où on aide les salariés qui viennent en vélo, il faut aussi aider les salariés qui viennent à pied, ceux qui viennent en roller, ceux qui viennent en trottinette et ainsi de suite", raille-t-il. "Mettre en place un mécanisme d'indemnisation parce qu'on a un moyen de transport qui est différent, fondamentalement, ce n'est pas une bonne idée. En plus, c'est totalement inégalitaire, parce que si vous habitez en Lozère, et que vous devez faire 60km pour vous rendre à votre travail, vous ne pouvez pas prendre votre vélo", fait-il remarquer.

Philippe Gril avec Amélie Rosique