Encadrement des loyers: "Loi folle" ou "vraie solution"?
Ce sont deux visions de la crise du logement à Paris qui se sont affrontées ce vendredi matin dans Bourdin Direct, à la veille de la mise en place de l'encadrement des loyers dans la capitale, prévu par la loi Alur de mars 2014, initiée par la ministre du Logement de l'époque, Cécile Duflot.
"Une loi folle qui va tout bloquer et ne servir à rien", juge, lapidaire, Jean Perrin, président de l’Union nationale de la propriété immobilière, qui représente les propriétaires. Avant de se lancer dans une diatribe contre l'ancienne ministre du Logement. "Cécile Duflot n'a rien compris et a pris des mesures doctrinaires. Elle va aggraver la crise du logement en région parisienne". "Les loyers à paris n'augmentaient plus ces derniers temps", rappelle Jean Perrin, avant tout de même de concéder que les loyers "sont élevés, c'est vrai".
"Les loyers ont augmenté de 40% ces 10 dernières années"
Cette loi, "c'est pour mettre un terme à certains abus", juge au contraire Ian Brossat (PCF), chargé du logement à la mairie de Paris. "Il faut aussi regarder les critiques des parisiens qui ne supportent plus que les loyers atteignent des prix délirants. Les loyers ont augmenté de 40% ces 10 dernières années. La loi veut mettre un peu de modération dans un système devenu fou. Tout le monde doit l'entendre, y compris les professionnels de l'immobilier".
"Le niveau des chiffres c'est le niveau de marché, et s'il y a des gens prêts à payer un certain prix le marché sera à ce niveau-là", rétorque Jean Perrin. Selon lui, "les institutionnels sont déjà partis, maintenant ça épouvante tous les propriétaires, qui vont se détourner du marché, il y aura donc moins de logements, moins d'offres et donc ça va faire flamber les prix".
"Les propriétaires vont se tourner vers autre chose"
"Le problème pour les propriétaires c'est l'incertitude, la complexité et la source de contentieux" qu'entraîne la loi Duflot. "Un locataire peut entrer dans un logement et contester le prix quelque temps après. C'est comme si on disait à un salarié on vous embauche à un niveau de salaire, mais peut-être qu'on vous le baissera de 20% dans quelques mois. Les propriétaires vont se tourner vers autre chose : la location meublée de courte durée, voire ne vont plus louer du tout leur bien", prévient Jean Perrin.
"Construire plus ? A Paris c'est plus compliqué"
"La vraie solution, estime Jean Perrin, c'est d'abord dégager (sic) du parc public (des HLM) tous ceux qui n'ont rien à y faire - et croyez-moi vous allez libérer de la place-. Mais c'est surtout d'avoir un programme de construction sérieux qui améliore l'offre".
Construire plus ? "On construit à Paris, jure Ian Brossat. "Le problème c'est qu'il faut du foncier, et Paris est déjà la ville la plus dense d'Europe. Il faut donc négocier avec des propriétaires de terrains, l'État, la SNCF, la RATP... C'est plus compliqué à Paris de construire de nouveaux logements". Mais l'élu communiste l'assure, l'encadrement des loyers sera bénéfique, principalement pour "ceux qui ont des toutes petites surfaces, moins de 14m2 (étudiants, jeunes travailleurs), et ceux qui louent des grands logements, plutôt des familles nombreuses".
Comment ça marche ?
C’est l’Observatoire des loyers parisiens (OLAP) qui a calculé pour 2015 les loyers de référence pour les 80 quartiers de Paris, regroupés en 14 zones, et pour 16 types de biens, selon le nombre de pièces (studio, deux, trois, quatre pièces et plus) et quatre époques de construction. Ainsi, pour un studio, le prix médian oscille entre 22 euros et 31 euros le m2 par mois, selon les quartiers. Soit, pour une surface de 20 m2, une quittance de 440 à 620 euros.